"Le Grand Feu de Matheson a été le plus meurtrier. Deux cent quarante-trois morts. Ce sont les chiffres officiels. Ils ne comptent pas les prospecteurs, les trappeurs, et les errants, ces êtres qui n'ont pas de nom, pas de nationalité, qui n'existent pas, qui vont d'un endroit à l'autre. On en retrouvera quelques-uns dans des ruisseaux asséchés, mais la plupart ne formeront qu'un petit tas d'os calcinés que le vent emportera loin des chiffres comptables."
Jocelyne Saucier.
L'interminable comptabilité des "errants, ces êtres qui n'ont pas de
nom, pas de nationalité, qui n'existent pas, qui vont d'un endroit à
l'autre" se terminera-t-elle un jour? Image émouvante hier du
sauvetage inespéré d'un bébé en mer, et de sa famille qui le
retrouve. D'autres n'auront pas cette chance, ne laissant même pas
un petit tas d'os calcinés. Observant ces parents et ce bambin
tellement normaux, je les imagine quelques mois plus tôt dans ce qui
devait être leur maison, prenant un petit-déjeuner pareil au mien,
avant de partir au travail. Dans quelques minutes, le journal
télévisé fera place à Spécial Taratata. Nuit agitée, petit vertige
passager. Ce doit être le passage à l'heure d'hiver.
Lu dans:
Jocelyne Saucier. Il pleuvait des oiseaux. Ed. XYZ 2011. Folio. 5874. 220 pages
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