"À mesure qu'on accumule les années, on se forme une image de plus en plus sombre de l'avenir. Est-ce seulement pour se consoler d'en être exclu ?"
Cioran
On rêve de devenir un de ces vieillards lumineux avides de vivre le temps présent et ses lendemains sans atermoiements inutiles sur le passé, à l'exemple de Karlfried Dürckheim brûlant ses agenda et carnet d'adresses ("ceux qui souhaitent me voir sauront aisément me retrouver") au moment de se réfugier en fin de vie dans sa modeste demeure de la Forêt Noire. Ne recevant qu'un invité par jour avec lequel il partage repas frugal et vaisselle, le "sage de la Forêt Noire" y cultive une ascèse vivifiante sans être mortifiante, en rupture avec une vie antérieure exposée aux honneurs et à leurs déconvenues. Cette existence neuve durera ... trente-cinq ans consacrés à "vivre comme l'artisan prend quotidiennement dans ses mains l'oeuvre non encore achevée".
Lu dans:
Emil Cioran, De l'inconvénient d'être né, Gallimard © 1973. p26
Jacques Castermane. Karlfried Graf Dürckheim et l'Orient transformé. Revue Nouvelles Clés. n°47 (automne 2005)
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