03 janvier 2011

Derrière l'icône

"On est quelquefois aussi différent de soi-même que des autres."
La Rochefoucauld.
La phrase m'est revenue, et m'a fait sourire, en découvrant ce matin que Charlie Chaplin lui-même a perdu un jour un concours de sosies de Charlot. Je souris moins en découvrant dans le même journal la faille révélée chez un candidat au Nobel de la Paix qui se révèle soudain être un humain comme nous avec son "fatras de petits secrets" peu ragoûtants. Quand est-on soi-même? A quel âge, en quelle saison, en quel costume? Dans la vraie vie, les guignols de l'info devraient posséder dix marionnettes différentes pour chacun de leurs personnages selon les âges de la vie, les lieux et les circonstances : j'ai connu des héros lumineux de vingt ans morts dans le marasme, et le contraire. Des médecins emblématiques véritables tyrans domestiques et des pères de famille modèles butinant toutes les rondeurs à portée de main sur le plateau de travail. Lors de la mise en terre de l'un d'eux, la question me taraudait: qui était vraiment celui qu'on pleure aujourd'hui, l'ami rayonnant qui nous impressionnait par son intelligence ou l'ombre qu'il dissimulait soigneusement et se révéla en fin de vie. Ayant eu la chance d'avoir connu les deux, j'apprécie ce jour plus que jamais l'icône et son ombre réunies sur le même sentier.

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