"En bas, Marthe alluma l'âtre avec le bois préparé. L'eau du chaudron commença à chanter. Le café était moulu, la. débéloire prête sur la table. Marthe v:ersa le café sec sur la passoire. Ça sentait déjà fort. Le feu, le chant de l'eau, l'odeur du café étaient une maison beaucoup plus solide que la ferme. On pouvait s'abriter là-dedans beaucoup mieux que dans toutes les constructions de pierre. C'était souverain contre le vent d'est. Marthe versa doucement l'eau bouillante. Le café se mit à passer. Il clapotait dans le bas de la débéloire, goutte par goutte. Ça donnait envie de s'asseoir près du feu, la tasse chaude.dans la main et de boire par petites lappées."Jean Giono.
L'image de ce café chaud plus solide que la ferme elle-même est poursuivie de superbe manière : "On a l'impression qu'au fond les hommes ne savent pas très exactement ce qu'ils font. Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la bâtisse d'ombre qui compte."
Lu dans
Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset 1935. Le Livre de Poche 493-494. 504 p. extrait p.27
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