11 mai 2015

Sagesse de la tontine

"Des Européens ont voulu insérer le microcrédit en Afrique alors qu'existe déjà le système de tontine: «Tu demandes au village de l'argent pour un projet, ensuite tu fais une fête pour remercier tout le monde où tu grilles la moitié de l'argent!» C'est ainsi que la convivialité m'a été expliquée par une jeune Africaine. La convivialité est plus importante que l'argent, car elle soude la communauté. Les liens au sein du groupe sont plus importants que les bénéfices pour l'individu."

Un financier peut sourire. La question posée demeure néanmoins actuelle, et concerne plus qu'il n'y paraît nos sociétés occidentales. Comment éviter que l'économie n'échappe au social? Jusqu'où privilégier la cohésion du groupe et le partage des richesses engendrés par des mécanismes de solidarité plutôt que par une thésaurisation individuelle? La société traditionnelle, avec son devoir de générosité, est parvenue longtemps à nourrir tous ses membres en impliquant chacun pour le bien commun tout en empêchant les accumulations injustes de richesses. Chez les Indiens de la côte Pacifique de l'Amérique, si quelqu'un accumulait des biens, il les distribuait ou les détruisait de façon ostentatoire à travers la pratique rituelle du potlachi. C'est dépouillé de ses biens matériels qu'il était respecté. Intéressantes réflexions bien utiles au moment où se brassent les idées pour sauvegarder nos systèmes de sécurité sociale, nos pensions de retraite et tout ce qui alimente le financement des besoins fondamentaux d'une société. L'innovation se glane peut-être sous d'autres cieux et à d'autres époques.  



Lu dans:
Sabine Rabourdin. Replantons. Ethique et spiritualité. Weyrich. Collection Le printemps de l'éthique.  2015. 188 pages. Extrait p.81-82
G. Reichel-Dolmatoff. The Kogi Indians and the environment Impending disaster. The Ecologist, vol 13, n° l, janvier-février 1983.

Aucun commentaire: