30 avril 2025

De Dépaysement à Retrouvailles

 "La liste des mots parfaits est loin d'être close. Il s’agit de ces expressions intraduisibles en français, mais pour lesquels nous n’avons aucun mot. Cela nous aiderait pourtant de pouvoir les nommer précisément, notamment pour comprendre ce que ressent l’autre. Par exemple "komorebi" qui, en japonais, évoque ce qu'on ressent en admirant la lumière du soleil à travers les arbres."   
                                Lize Spit

                                       


Le contraire existe aussi, ces jolis mots français impossibles à traduire dans une langue étrangère et qui enjolivent notre vie. "Dépaysement" par exemples, cette sensation qui apparemment n’appartient qu’aux Français. Il s’agit de ce que l’on ressent lorsque l’on se trouve à l’étranger ou dans un environnement différent de nos habitudes. Il est généralement positif et évoque le fait de se changer les idées, d’y trouver un bien-être. Ou "Retrouvailles",  qui nous est habituel,  mais que d’autres langues aimeraient pouvoir utiliser sans disposer d'un équivalent. Il s’agit bien sûr d’avoir plaisir à retrouver des personnes que l’on n’a pas revues depuis longtemps. Je vous le souhaite. 


Lu dans:
Lize Spit. Twintig ‘perfecte woorden’ uit andere talen die niet in het Engels te vertalen zijn. De Morgen. 18.11.2023

29 avril 2025

Une relation toxique

 "Ma relation avec Internet ne m’apporte rien, mais je ne parviens pas à y mettre fin. Que serais-je sans lui ? Petit à petit, il m’a privée de mon autonomie, et j’ai mis des années à m’en rendre compte. Si je le quittais aujourd’hui, je me retrouverais isolée, sans liens avec le monde extérieur, sans amis, sans vie sociale, sans sujets de conversation ni d’intérêts communs avec autrui. Je me sens conditionnée, utilisée, contrôlée et rabaissée, mais je ne sais pas comment rompre. Je vis une relation toxique avec Internet."   
                            Maria Diaz

                                  



Sur le site espagnol “El Confidencial”, cette journaliste compare son rapport au web à une idylle qui s’est détériorée avec le temps, mais à laquelle elle ne parvient pas à mettre fin. Amusante réflexion, dans laquelle nous pouvons nous reconnaître. Que nous est-il donc arrivé ? Comment sommes-nous passés de l’idylle à la dépendance, et à une certaine désillusion? Mais ce n’est pas seulement notre faute, comme le souligne Marina Diaz. Internet aussi a changé au fil du temps, il "ne se conduit plus comme avant". Là où nous demandions des informations, il nous livre de la publicité, et quand nous posions des questions il nous propose des produits. Et comme le rapportent certaines études récentes, un contenu dont la qualité baisse en raison des référencements payants des algorithmes de recherche. De toute évidence, ses priorités ont changé et nous n’en faisons plus partie.


Lu dans:
Maria Diaz. Je vis une relation toxique avec Internet. El Condidencial. 4.8.2024
46th European Conference on Information Retrieval (ECIR). Glasgow 24-28 mars 2024


28 avril 2025

Performer

 "La seule certitude dans le monde d’aujourd’hui, c’est l’incertitude"   
                        Olivier Hamant.

                                


Arrêtez ce monde, je veux descendre. Performer et optimiser sont les maîtres-mots. Olivier Hamant, biologiste spécialiste des systèmes vivants, suggère de délaisser la performance pour la robustesse. Choix stratégique qui ne s'apparente à un renoncement, privilégiant la résistance aux chocs à venir. Tout un programme.


Lu dans:
Olivier Hamant. Antidote au culte de la performance. La robustesse du vivant. Collection Tracts N° 50. Gallimard. 2023.
Halte à la performance. En question. Trimestriel du centre Avec. Printemps 2025. 

24 avril 2025

La pièce manquante

 “Pourquoi diable m’as-tu acheté un puzzle ?”
                Hardy à son ami Laurel dans le court métrage Les Deux Flemmards (1933).

    



Havre de calme dans le tourbillon de l’existence, qu'est-ce qui rend le puzzle aussi populaire? Le fabricant Wentworth en a fait sa pub, égrenant la longue liste des passionnés parmi lesquels le guitariste des Rolling Stones, Ron Wood et Bill Gates.  Qu'il compte 500, 1 000, voire 2 000 pièces, le principe est immuable: créer de l'ordre à partir du chaos en commençant soit par reconstituer les bords, soit en appariant les pièces par couleur, ou en assemblant préférentiellement les visages, les arbres, les nuages. Personne n'impose rien, la méthode d'assemblage des pièces fait la part belle aux choix de chacun et échappe à toute règle. Une fois le puzzle reconstitué arrive inéluctablement le moment de le défaire. Mais entre-temps, quelque chose a changé, à chaque paysage se termine un nouveau voyage. A moins que, comme Hardy dans la finale des Deux flemmards, on n'arrive pas à sa fin car une pièce manque: le visage d'une belle femme, avec un morceau de coiffe de plumes. Surprise de son importance soudaine, retrouvée par miracle sous un meuble, elle contemple le chaos et l'agitation que sa disparition a provoqués, l’heure est venue d’y mettre de l’ordre en retrouvant la place qui lui est due. Insignifiante seule, la pièce manquante ne  prend son sens que dans l’ensemble, comme l'être humain dans sa quête éternelle de cohérence. Le puzzle "presque complet" a sa beauté, car c’est là qu'il nous ressemble, cet héros inachevé cherchant en l’autre la pièce qui le complétera tout en ne lui appartenant pas.


Lu dans:
Hester van Gent. Het is een illusie dat alles op zijn plaats valt, behalve bij een puzzel. De Morgen. 17 juin 2024.

Le monde d'hier

 "Nous, ces gamins imberbes et en pleine croissance, qui passions nos journées sur les bancs de l’école, nous formions réellement le public idéal qu’un jeune poète puisse rêver, un public curieux, compréhensif et prompt à s’enthousiasmer. Car notre ferveur était sans bornes ; durant nos heures de classe, sur le chemin de l’école, au café, au théâtre, au cours de nos promenades, nous n’avons rien fait durant des années que discuter de livres, de tableaux, de musique et de philosophie. "

                    Stefan Zweig



Disparu en 1942, Zweig intitulait son autobiographie "Le Monde d'hier". Comment réécrire ce titre aujourd'hui?


Je vous souhaite une bonne semaine.
CV


Lu dans:
Stefan Zweig, Le monde d'hier, souvenir d'un européen. Die Welt von Gestern. Trad. de l'allemand (Autriche) par Dominique Tassel. Gallimard. Folio-Essais n° 616. 592 pages.

23 avril 2025

Les mots parfaits

 

"C'est une langue belle à qui sait la défendre
qui offre des trésors de richesses infinies
les mots qui nous manquaient
pour pouvoir nous comprendre. " 
                        Yves Duteil


Les Inuits possèdent le terme "iktsuarpok" pour désigner cette attente anxieuse avec laquelle on regarde par la fenêtre dans l’espoir de voir venir la personne que l’on attend. Dans les îles Trobriand, en Nouvelle-Guinée, existe le mot "mokita", pour qualifier un fait douloureux, ou une vilaine maladie, que tout le monde connaît mais dont personne ne parle. Les Allemands connaissent la "Torschlusspanik", le sentiment que nos possibilités se réduisent à mesure que nous prenons de l’âge. D'aucuns s'amusent en offrant dans un petit coffret un choix de ces "mots parfaits" tirés d’autres langues et impossibles à traduire, dont on se lit les définitions à haute voix, les uns aux autres autour d'une table. La boîte rangée, on peut traquer toutes ces situations ou sentiments sur lesquels ne peut coller aucune étiquette: le plaisant réflexe de se servir un dernier verre de vin pour ne pas le laisser dans la bouteille, le très bref moment de lâcher-prise entre éveil et rêve avant de tomber dans les bras de Morphée, ou encore cette coutume de prendre congé d'un être cher en continuant à le saluer jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre vue. La liste des mots parfaits est loin d'être close.


Lu dans:
Yves Duteil.  La langue de chez nous. Les éditions de l'écritoire. 1985.
Lize Spit. Twintig ‘perfecte woorden’ uit andere talen die niet in het Engels te vertalen zijn. De Morgen. 18.11.2023

19 avril 2025

Les écureuils de Pâques

 "Et si, à Pâques, nous étions tous un peu écureuils ?"


Et si la chasse aux œufs de Pâques n’était pas qu’un jeu d’enfant, mais l’écho lointain d’un instinct ancestral ? Les adultes cachent, les enfants fouillent, comme les écureuils qui, à l’automne, enterrent noisettes et glands pour les retrouver plus tard. Le plaisir de “retrouver ce qui a été caché” est un plaisir archaïque lié à la quête, à la récompense, à la mémoire de l’espace, avec un zeste de philosophie: le bonheur de célébrer ce qu'on croyait perdu. Amusant : des chercheurs de l’université de l’Ohio ont mené une expérience fascinante sur les écureuils gris pour mieux comprendre leur comportement de cache. Ils ont découvert que ces petits animaux ne sont pas seulement organisés, mais aussi hautement stratégiques… et un peu paranoïaques. Lorsqu’un écureuil sent qu’il est observé par un congénère pendant qu’il enterre une noisette, il simule l’action de cacher sans vraiment le faire : il fait semblant de creuser, de déposer la noisette, puis de reboucher le trou... tout en gardant la noisette dans sa bouche pour aller la cacher ailleurs, à l’abri des regards. Ce comportement s’appelle le "deceptive caching" (caching trompeur), et il prouve que les écureuils ont une certaine capacité cognitive à évaluer l’intention d’autrui, ce qu’on considère comme un signe d’intelligence sociale avancée chez les animaux. Demain, observez vos petits-enfants, certains développent peut-être déjà le caching trompeur qui fera d'eux de redoutables chefs d'entreprise.Et si, à Pâques, nous étions tous un peu écureuils ? 


Lu dans:
Mikel M. Delgado and Lucia F. Jacobs. Caching for where and what: evidence for a mnemonic strategy in a scatter-hoarder. Published:13 September 2017 Lire l'article https://doi.org/10.1098/rsos.170958

18 avril 2025

Pâques à Gaza

 "Lorsque Mahmoud a réalisé que ses bras étaient amputés, la première phrase qu’il a dite [à sa mère] a été : Comment vais-je pouvoir te serrer dans mes bras? "


La photo bouleversante d’un garçon palestinien de neuf ans, qui a perdu ses deux bras en fuyant une attaque israélienne à Gaza, a remporté jeudi le premier prix du World Press Photo 2025. L’image, capturée par la photographe palestinienne Samar Abu Elouf pour le New York Times, est un portrait du jeune Mahmoud Ajjour, évacué à Doha après qu’une explosion lui a arraché un bras et mutilé l’autre l’année dernière.  « L’une des choses les plus difficiles que la mère de Mahmoud m’ait expliquées, c’est que lorsque Mahmoud a réalisé que ses bras étaient amputés, la première phrase qu’il lui a dite a été : Comment vais-je pouvoir te serrer dans mes bras », a déclaré la photographe. Photo silencieuse, éloquente, qui raconte l’histoire d’un garçon, d’une guerre et de la souffrance humaine. En ce qui me concerne, elle se substituera avec pertinence en ce jour de vendredi saint à la représentation du Christ en croix, symbole absolu de l'échec d'une vie. Mais dans le récit de la Passion lu au collège de notre enfance, y succédaient les carillons de Pâques et l'espérance d'une résurrection. Cela nous construisait une vision positive de l'avenir. Mais à Gaza?




Lu dans:
Abu Elouf est la première photographe palestinienne à remporter le World Press Photo. Le Soir 18 avril 2025 avec AFP


17 avril 2025

A ne pas ouvrir

 "Imaginez le patron d’une petite PME de province, qui fabrique et vend des étiquettes. L’homme meurt et laisse l’entreprise en héritage à son fils unique… L’héritier, reprenant les affaires, tombe dans l’arrière-boutique sur une boîte rectangulaire de taille moyenne, au sommet de laquelle se trouve une étiquette avec l’écriture de son père qui dit « À ne pas ouvrir »… Soit. Déférant aux dernières volontés de son paternel, le fils n’ouvre pas la boîte en question et reprend le cours de ses affaires. Seulement, évidemment, cette histoire le tourmente. Qu’y a-t-il dans cette boîte ? Quels aveux contient-elle ? Quelles réponses ? Quel mystère ? Quel secret le père a-t-il voulu emporter dans sa tombe ? « À ne pas ouvrir »… Vous imaginez ? Au bout de quelques mois, le fils en perd le sommeil. Chaque nuit est une guerre civile entre le désir de savoir et le respect qu’il doit au souvenir de son père. Puis un jour, il craque. Il retourne dans l’arrière-boutique et, d’un geste rageur, il ouvre la boîte. À l’intérieur se trouvent une centaine d’étiquettes avec écrit dessus : « À ne pas ouvrir ». Ce que l’imprimeur junior avait pris pour une injonction testamentaire n’était que le simple repère par lequel son père avait signalé l’enveloppe où se trouvait le stock d’une formule banale destinée à sa clientèle. La vérité est une boîte vide."
                Raphaël Enthoven

                                     

Ou comment philosopher en y prenant du plaisir.


Lu dans:
Raphaël Enthoven, Jiang Hong Chen (Illustrations). Imaginez. Evergreen. 2019. 96 pages


16 avril 2025

Poésie de la seconde

 "Vulnerant omnes ultima necat."
                        Sagesse des cadrans d'horloge

                     


"Auriez-vous une seconde à me consacrer? " Attention, une seconde ce peut être long face à un bavard. Définie avec précision dès la plus haute Antiquité, la "pars ultima secunda" correspondait à la 31 556 926e partie de la révolution de la Terre. Couché dans l'herbe regard dans les étoiles, cela fait rêver et reste compréhensible mais varie en longueur selon la saison, car la rotation terrestre et son orbite ne sont pas parfaitement régulières. Adieu le rêve, la seconde d'aujourd'hui repose sur des lois physiques universelles (mesure de la transition de l’atome de césium) sur une horloge atomique. La précision y gagne, la poésie en perd.


Lu dans:
Chacune fait sa plaie, et la dernière nous achève.

13 avril 2025

La vie pour de vrai

 

"Les années autrefois étaient plus immobiles
les frênes      les mésanges       l'herbe les étangs
étaient plus certains
tout était pour de vrai
Ce qui existe a l'air d'exister moins
d'être moins sûr de son droit
            ou bien est-ce moi?
                           Claude Roy


Qui ne rêve de retrouver le temps où "tout était pour de vrai", cette perception inouïe et fugace d'être au monde, de le respirer, de le sentir, de le humer et d'en enfouir le souvenir vivace comme un écureuil dissimule ses noisettes pour l'hiver? Le monde serait-il devenu moins réel, ou est-ce notre perception qui en a été progressivement altérée, estompant jusqu'au souvenir qu'on en conserve?  Un conte  zen compare la mémoire de l'homme sur-occupé à une théière pleine, qu'il s'obstine à vouloir remplir toujours davantage, et de plus en plus rapidement. Le thé s'écoule vite de nos jours, dans un brouhaha d'informations, de messages et de sollicitations permanent, en multitâches et sans repos, dont rien - ou si peu - ne surnage. La vie s'apprivoise lentement, nous apprenait-on: une ou deux lettres par jour auxquelles on répondrait le lendemain, si l'inspiration et la disponibilité d'esprit étaient bonnes, un journal pour découvrir l'essentiel des nouvelles, deux ou trois rencontres, une économie du temps et de l'activité dont on aurait honte aujourd'hui. Les années autrefois étaient plus immobiles, et on n'y reviendra sans doute guère, privilégiant l'excitation à la crainte permanente de s'ennuyer. Cela s'appelle "vivre intensément", mais est-ce vivre pour de vrai?


Lu dans:
Claude Roy. A la lisière du Temps. Gallimard. NRF. 1984. 204 pages. Extrait pp.40-41

12 avril 2025

Au Louvre-Lens

 

"Au nord, c'étaient les corons
La terre c'était le charbon
Le ciel c'était l'horizon
Les hommes des mineurs de fond.
Nos fenêtres donnaient sur des fenêtres semblables
Et la pluie mouillait mon cartable
Mais mon père en rentrant avait les yeux si bleus
Que je croyais voir le ciel bleu
J'apprenais mes leçons, la joue contre son bras
Je crois qu'il était fier de moi
Il était généreux comme ceux du pays
Et je lui dois ce que je suis. 
                            Pierre Bachelet. Les Corons


De toutes les régions de France, c'est le Nord que je préfère. Celui des Chtis, remontant du Sud vers Paris, et puis Amiens, et puis Lille, et puis Roubaix pour arriver à Lens, terre paumée aux yeux des riches, et si riche pourtant. Venant d'Anderlecht, j'ai l'impression de partir en vacances chez une tante, ou en weekend chez des amis. Depuis le décès du chanteur Pierre Bachelet en 2005, sa chanson emblématique Les Corons est chantée inlassablement par les supporters du club du Racing Club de Lens à la mi-temps de chaque match au Stade Bollaert-Delelis, devenant son deuxième hymne. Au loin, intégré dans le paysage laborieux des anciennes mines de charbon qui en ont façonné la ligne d'horizon, se devine le superbe musée du Louvre-Lens et sa Galerie du Temps, une magie. Entrée gratuite, public mêlé d'enfants, d'esthètes chics et de têtes grises, mais aussi de gens simples assoiffés de beauté et dont le silence attentionné interpelle. On se prend à rêver à une société où le Beau redeviendrait matière non-marchande. A quelques kilomètres, prévoir un arrêt roubaisien dans la superbe Villa Cavrois, maison rénovée au fil des ans par le budget public, patiemment, laborieusement comme le travail dans la mine, bling-bling ici n'est pas ta terre. 

Cette balade dans le Nord est illustrative. Pour qui veut survivre au chaos instauré par un président narcissique et sa cour de Néron, il nous faut quotidiennement user d'antidotes, ces substances capables d'empêcher un corps d'exercer ses effets toxiques en redécouvrant ce qui fait l'essence de la vraie vie. Celle des Chtis des Hauts-de-France, celle de ma commune si décriée où chaque jour apporte ses perles. Hier une patiente volontaire et affaiblie se fait un défi de venir à pied à la consultation, elle chute en rue, et se voit accompagnée par trois jeunes voilées qui la portent littéralement jusque chez moi, après l'avoir fournie en bouteilles d'eau minérale et de gâteries au Carrefour Express du coin. Suite à un moment d'inattention, ma moto se retrouve couchée dans un jardinet, trop lourde à soulever seul. Du bas de la rue accourt spontanément un robuste passant d'origine turque qui la relève comme on le ferait d'un vélo, ah la jeunesse! Des clés oubliées sur un cadenas ou sur la serrure extérieure d'une porte se voient rapportées dans les minutes qui suivent. Quoi qu'on tente de nous faire croire, la société n'est ni Trump ni MAGA mais composée d'un réseau de personnes pour qui le lien, la solidarité, l'entraide au quotidien ne sont pas de vains mots.  Il est bon de le redire parfois.


Lu dans:
Pierre Bachelet. Les Corons. Paroles de Jean-Pierre Lang. 1982. Polydor. Connaît un énorme succès, restant n°1 des ventes pendant 4 semaines en juillet 1982, puis devenant disque de platine avec plus d'un million d'exemplaires vendus.

10 avril 2025

Parfum

 "Je m’apercevais qu’on ne pouvait pas décrire un parfum, en tout cas pas celui du mimosa. On ne peut pas dire que c’est une odeur citronnée, ni boisée, ni rien, c’est unique comme peut l’être une joie, c’est irracontable."
                                Camille Laurens

                             


Indescriptible comme un parfum, ou une joie. Que dire alors de la difficulté de décrire un être.


Lu dans:
Camille Laurens. Ta promesse. Gallimard. 2025. 344 pages

09 avril 2025

Donner le goût de la mer

 "Je t'ai donc bâtie comme un navire. Je t'ai clouée, gréée, puis lâchée dans le temps qui n'est plus qu'un vent favorable. Créer le navire ce n'est point tisser les toiles, forger les clous, lire les astres, mais bien donner le goût de la mer."
                    Antoine de Saint-Exupéry

                             

 
Donner le goût de la mer, une autre époque? Pas sûr, surtout par temps d'incertitude. Citadelle, oeuvre posthume publiée en 1948, rassemble les méditations de toute une vie.  Saint-Exupéry l'imaginait à la façon de ces promenades dans une campagne étrangère "où peu à peu , tandis que mon cheval boitait dans les ornières, ou tirait les rênes pour brouter l'herbe rase le long des murs, me vint le souvenir de mon chemin de vie dans ses inflexions subtiles, ses respects, ses loisirs et son temps perdu." On y croise sans ordre apparent tous ceux qui l'empruntèrent avec nous, secoués par leurs carrioles ou balancés par leurs ânes lents, et sans le savoir nous imprégnaient à jamais. Tous furent nos passeurs de fleuve, nous prenant sur leurs épaules ou celles de leur âne lorsque le courant nous paraissait insurmontable.

Lu dans:
Antoine de Saint-Exupéry. Citadelle (œuvre posthume). Gallimard 1948. Coll. Folio, 2000. Chapitre LXXV,

07 avril 2025

Guerre hybride

 

"La contagion de la guerre est irréversible
rien ne l’arrête et rien ne lui échappe.
Seule lueur dans cette obscurité
l’apparition de temps en temps de Justes. "
                        Laurent Larcher.

                   

Une définition du terme "guerre hybride"?   Ne cherchez plus, on est dedans. Une définition du terme "Justes"? Elle vous appartient.



Lu dans: 
Laurent Larcher. La Fureur et l’Extase. Bayard. 2025. 288 pages.

03 avril 2025

Il y a tabac et tabac

 "Dès qu’on était dehors, la pipe prenait un autre goût : le goût des venelles et des chemins, le goût des feuilles mortes, des humus et des fumiers naturels qui chauffaient les grandes racines de la forêt ; le goût des branches nues, luisantes, sur lesquelles les uns après les autres étaient morts les oiseaux grelottants et qui maintenant essayaient de chanter seules, sans oiseaux et sans feuilles, la chanson des branches nues dans le vent d’hiver. Ces branches avaient un goût puissant et animal, un peu chaud. D’autres goûts magnifiques venaient autour de la pipe, traversaient le tabac, se mêlaient à la fumée, se fondaient sur la langue. Des goûts pleins des images les mieux aimées des hommes."
                                        Jean Giono

                            


À partir du 1er avril 2025, les produits du tabac et du vapotage ne pourront plus être exposés dans les points de vente en Belgique, conformément à un amendement à la loi de protection de la santé des consommateurs du 24 janvier 1977. Sans mettre en question le bien-fondé de cette nouvelle législation, on peut s'interroger: parle-t-on du même tabac, et des mêmes consommateurs, et à la même époque? 



Lu dans:
Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset. 1949

02 avril 2025

Une retraite active écourtée

 Belgian veterans are back


"Rien n'est aussi trompeur qu'une vérité plausible ."

... surtout un premier avril .

 

Lu dans:
The New York Times. mercredi 2 avril