"Le bonheur ce fleuve ensoleillé rompant ses digues."
Nâzim Hikmet
Quelle affaire! Cet incroyable sentiment d’euphorie qui en quelques
minutes jette dans les rues des véhicules crissants et bruyants,
voit se congratuler des voisins qui se connaissaient à peine,
participant à une joie collective que le quotidien n'apporte plus,
nous surprend à la vitesse d'une rivière quittant son lit. Un couple
de patients âgés s'est réservé en cas de victoire une terrasse du
centre ville où ils savoureront la gueuze en contemplant la course
échevelée des voitures voilées de noir-jaune-rouge. Une jeune maman
d'origine albanaise quitte la consultation à 19h en souhaitant bonne
chance aux Belges. Une autre, d'origine guinéenne, écoute le match à
sa manière: réseau coupé pour impécuniosité, elle ouvre les fenêtres
à 20 heures et suit le match en écoutant les voisins. Je n'ai jamais
eu le bonheur bruyant ni la joie explosive, véritable handicap en
ces temps d'euphorie nationale, mais m'amuse de l'observer. Et de
voir dans cette célébration des nationalités qu'est la Coupe du
monde notre équipe si bariolée l'emporter en oubliant ses
différences me rassure.
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