02 avril 2010

Un habit à sa mesure

"Il arrive au milieu de la vie
que la mort vienne prendre vos mesures.
Cette visite s'oublie et la vie continue.
Mais le costume se coud à votre insu."
Tomas Transtrômer. La place sauvage.


Un ami cher raconte sobrement qu'il a senti le souffle de la mort à deux reprises, lors de deux accidents de roulage aux conséquences dramatiques. Un moment de silence succède au récit, habité dans ma tête par le texte de Tranströmer. Vendredi Saint. Des souvenirs forts me reviennent en mémoire, récits colorés d'épisodes des écritures dites saintes, racontées avec conviction par des enseignants aujourd'hui tous disparus. Bientôt ces récits disparaîtront eux aussi, n'étant plus guère repris par personne. Méritaient-ils la place qu'on leur fit, méritent-ils l'oubli dans lequel on les plonge, je n'ai pas de réponse claire à ces questions aujourd'hui. Mais ils permirent à l'enfant que j'étais de suspendre un court temps ses jeux pour s'ouvrir aux questions éternelles de l'être humain: où étais-je avant d'être moi, où serai-je quand je ne serai plus? 


Lu dans:
Gabriel Ringlet.Un peu de mort sur le visage. Desclée de Brouwer. 1997. 153 pages. extrait p.108

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