29 juin 2009

L'été est là

Délice
de traverser la rivière d’été
sandales à la main !

Sagesse des haïkus . Buson

 

26 juin 2009

L'écorce de l'existence

"J'aime appuyer ma main sur le tronc d'un arbre devant lequel je passe, non pour m'assurer de l'existence de l'arbre - dont je ne doute pas - mais de la mienne " 
Christian Bobin

25 juin 2009

Enfin juillet

"Devant les mystères qui nous entourent, feignons de les organiser !" 
 Jean Cocteau 


Un jeune remonte ma rue, il sourit tout seul sans raison, cela devient rare. Je le reconnais quand il arrive à ma hauteur, "Docteur j'ai réussi mes examens." Je lui lance un "Bravo bonhomme, continue comme cela." "Merci docteur, bonne journée." Cinq secondes, une éternité, une étincelle de bonheur brut. Je sors d'une semaine occupée à aligner des points et des appréciations, comme Cocteau, j'ai feint d'organiser le mystère. Que d'itinéraires divers pour arriver à cette réussite, ou à ces échecs: les premiers de classe, les derniers, les bosseurs, les tricheurs, les flatteurs, les obsessionnels, les anxieux, les rêveurs, les scolaires et les rebelles auront parcouru les routes du savoir de mille et une manières. Il est temps maintenant d'en revenir aux fondamentaux, la féérie du mois de juillet qui propose ses bras accueillants  aux enfants que nous sommes restés. 

24 juin 2009

Les foins l'été

"Murmures derrière la charrette de foin.
Voilà un jour d'été."
Sagesse des haikus. Ippekiro


Une belle manière d'accueillir cette journée ensoleillée qui s'offre à nous.

22 juin 2009

Une étincelle d'été

"Un moineau s'envole
d'une poche du manteau
de l'épouvantail."
Haiku  Robert Davezies


C'est l'été.
 

21 juin 2009

Venu de si loin

"Certaines croix étaient décorées d'ancres marine faites de clous de cuivre aujourd'hui disparus. Il fut bouleversé par l'épitaphe d'un enfant de dix ans , "un pauvre petit mousse venu de si loin pour mourir."
Jean Paul Kauffmann

Les circonstances changent, les épitaphes demeurent. La mort d'un enfant demeure bouleversante, qu'il soit mousse mort aux îles de la Désolation ou écolière à Louvain-la-Neuve. On vient tous de si loin pour arriver sur Terre, et quand la mort vous enlève peu de temps après la naissance demeure un sentiment de profonde incompréhension. 

Lu dans :
Jean Paul Kauffmann. L'arche des Kerguelen. Voyage aux îles de la Désolation. Flammarion. 1993. 250 pages. Extrait p.200 

19 juin 2009

Paradoxe

"Le pire des malheurs en prison, pensa-t-il, c’est de ne pouvoir fermer sa porte."
Stendhal

14 juin 2009

Intelligence et incertitude

"On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter."
Emmanuel Kant


09 juin 2009

lpslol

"lpslol"
signifie "fais gaffe, les parents surveillent, je suis mort de rire".
Sagesse des sms
 Une étonnante page de Wikipedia nous apprend comment passer par étapes de la phrase « La linguistique par ordinateur pourrait tirer profit d'une langue abrégée à la fois dans sa syntaxe et ses matériaux - non seulement du point de vue de la mémoire - mais surtout du point de vue de l'analyse algorithmique du langage humain, la particularité d'une langue abrégée étant de supprimer ou de contourner les idiomatismes. » (331 caractères) à celle-ci "Lngk pr ordi pov7 tir pft du lng abr al fs dn sn sytx e sn matr# - nn slmt ptdv mmr - ms srtt ptdv algo spc a lngg hm, 1prtk lng abr = 8:supr o ktrn idiom#." (156 caractères) en cinq étapes pour personnes de plus en plus initiées. Ou encore les secrets d'un idiome faisant de plus en plus appel aux rébus pour donner 2m1 = demain, bi1 = bien, K7 = cassette, koi 2 9 = quoi de neuf.. 
Et pendant ce temps, l'académie réforme l'orthographe, lol.

Pas mal non plus en son genre, lue ce matin dans le Monde, la phrase "Ségolène Royal (..) a assuré Martine Aubry de son soutien complet pour toutes les initiatives qu'elle prendra pour la transformation radicale du Parti socialiste", ou la manière la plus raffinée de féliciter quelqu'un en lui signifiant sa plus complète opposition, lol 2x. 
 
 
Lu dans
http://fr.wikipedia.org/, Langage SMS.
Le Monde,  Au PS, Martine Aubry sous pression, avec AFP, 09.06.09

06 juin 2009

Imiter Beethoven ou la cascade

"Un peuple qui chante est proche du bonheur"
Villa-Lobos
Il disait de sa musique qu'elle lui était naturelle, comme une chute d'eau . Quand le compositeur brésilien Villa-Lobos meurt, le 17 novembre 1959 à Rio de Janeiro, ville de son coeur, il laisse environ 1 000 oeuvres de tous styles, avec 12 symphonies, 17 quatuors à cordes, des opéras, des ballets, des suites, des poèmes symphoniques, des concertos, des œuvres vocales, des pièces pour piano, de la musique religieuse et des musiques de film. Au-delà d'avoir été un grand compositeur, il fut également un pédagogue musical pour son pays. Il conçut un système d'apprentissage de la musique pour des générations de Brésiliens, basé sur la riche culture musicale brésilienne, et prenant ses racines dans un patriotisme profond et toujours explicite. Il composa de la musique chorale pour de grands chœurs d'enfants des écoles, souvent adaptée du folklore. Ce qu'il a légué au Brésil d'aujourd'hui, même au sein des nouvelles générations élevées avec les écoles de samba ou MTV, c'est un sentiment profond de fierté et d'amour pour lui, mêlé de semblables sentiments pour leur pays. C'est surprenant, si l'on considère qu'il s'agit d'un compositeur de musique « classique » mort depuis plus de quarante ans  1903, qui s'enfuit de chez lui à 20 ans pour parcourir le Brésil, plus particulièrement les régions de Nordeste, car "il trouvait stupide de continuer à imiter Beethoven." 

04 juin 2009

Quand le passé devient l'avenir

"Vieillir, c'est organiser sa jeunesse au cours des ans."
Paul Eluard
Laure égrène le dernier mois qui la sépare de ses cent ans. On l'a placée sous les combles du home le plus crado que je connaisse, qui abrita les carrières de deux médecins anderlechtois et où résonnent maintenant l'accent kinois à tous les étages, les rires et les éclats de voix d'infirmières aux formes généreuses, plutôt appréciées par cette population simple de l'ouest de Bruxelles. Un vieil accordéoniste esquinte son instrument dans la chambre voisine, il viendra comme chaque jour lui proposer ses services en fin de matinée. Hier il lui a rapporté du beurre, discrètement car Laure se fait gourmander pour ce caprice, dame, le beurre n'est guère bon pour la santé. Elle n'en a cure, et se rit des ses cent kilos qu'elle mobilise gracieusement d'une chaise à l'autre. Aujourd'hui ce sera une feuille de salade pour son canari, demain quatre Mon Chéri. Il sera payé d'une petite récompense en nature, il a les mains alertes. Laure me raconte que hier était versé le pécule de vacances de sa petite pension, aussitôt récupéré par la directrice de la maison de repos "car il y a beaucoup de frais". Comme c'est de toute manière vacances tous les jours, pas de souci, et puis après tout elle n'en a cure, même si elle n'est pas dupe. Le beurre, le canari, l'accordéon, rejoignent ce nouvel art de vivre que semblent découvrir avec bonheur les compatriotes de Barak Obama. Il paraîtrait que pour ses maisons, voitures, alimentation, en crise économique et écologique, l'Amérique redécouvre avec entrain les vertus de la sobriété et des cabanons précaires bien isolés et chauffés au bois. Laure, qui est tombée dans la frugalité non-choisie dès les premiers jours de sa vie, peut mourir en paix: son passé est devenu l'avenir.

 Lu dans
Résister ou lâcher prise, comment choisir. Weyrich. Printemps de l'éthique. 2009. 178 pages. extrait p 35
Vivre en plus petit : la nouvelle frugalité américaine. Hélène Crié-Wiesner. 03/06/2009. Rue 89. www.rue89.com. _______________________________________________________________________________________
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03 juin 2009

Si je ne suis pas moi, qui le sera?

"Près de sa fin , Rabbi Zousya prononça ces paroles :
Dans le monde qui vient la question qu'on va me poser ce n'est pas Pourquoi n'as-tu pas été Moïse? mais  Pourquoi n'as-tu pas été Zousya? "
Martin Buber

 

Lu dans
Résister ou lâcher prise, comment choisir. Weyrich. Printemps de l'éthique. 2009. 178 pages. extrait p 51

02 juin 2009

Quand les aigles mangeront des grains

"Les hommes nous enseignent à penser comme des poules, bien que nous soyons des aigles.  Étendez vos ailes et envolez-vous !  Et ne vous contentez jamais des grains que l'on vous jette."
James Aggrey
À la manière de Soljenitsyne, j'ajouterais les trois consignes qui sauvent le prisonnier du goulag de la déchéance, - on peut les reprendre dans sa propre existence d'ailleurs:  ne pas lécher sa gamelle (ne pas revenir sans cesse sur ce qui fut pour en espérer un dernier prolongement),  ne pas roder  autour de l’infirmerie (ne pas espérer de bénéfices secondaires de situations qui nous placent de fait dans des états de dépendance),  ne pas contempler le ciel à-travers les barbelés (nos principales limites sont celles que nous nous imposons nous-mêmes, le ciel est notre limite, appel à élargir le cadre de nos projets à ce qui au départ apparaît comme utopique). Ceux qui me connaissent bien relieront spontanément ces modestes réflexions à celles de la cage aux singes et de la petite poèle rouge. Et avec tout cela, je vote quoi dimanche?