01 juillet 2024

Seul en son palais


"Oui, j'ai changé d'emploi,
mes chers compatriotes,
contemplez mon palais, constatez mon émoi,
je vous joue du pipo et vous paierez la note."  
                        Claude Lemesle

Sept ans après. Qui ne se souvient du jeune président jupitérien le soir de sa victoire, saluant ses électeurs en liesse avec un art consommé de la mise en scène devant l'emblématique pyramide de verre du musée du Louvre, symbolisant tradition et modernité. L'accent était mis sur l'unité, l'espoir d'un avenir innovateur et de croissance pour la France, qu'il se proposait de diriger comme on administre une banque. Ne doutant de rien, ni de lui, il se positionnait en rempart contre l’extrême droite: « Si on gagne, ils s’effondreront le jour d’après, aucun doute» (discours à La Plaine Saint-Denis le 20 mars 2017). Il arrive à chacun de tirer la mauvaise carte, et le moment n'est pas venu d'ironiser sur l'impulsivité de la décision de dissoudre l'Assemblée nationale, ni d'attribuer aux électeurs des points selon le choix qu'ils ont posé: c'est leur souveraineté et notre fierté de vivre en démocratie. Mais que les couloirs de l’Élysée doivent être sinistres cette nuit, bien loin de l'Olympe où leur occupant se voyait arrivé. 


Lu dans: 
Claude Lemesle. L'art d'écrire une chanson. Eyrolles. 2018. 174 pages. Extrait p.150