30 novembre 2006

tout changer

"Il faut changer de vie. Il faut changer tout.
Mais tout changer, ce n'est pas tout détruire: c'est sauver tout."
Maurice Bellet. La Longue Veille. DDB 2002

29 novembre 2006

poire comme un feu de bois

"Tu faisais partie de ces gens auprès de qui on se tient comme un bon feu de bois."
Bertrand Tavernier, évoquant Philippe Noiret.

Ce dernier mit des années à se consoler de son allure disgracieuse, un profil en forme de poire si on en croit les critiques de l'époque. Il estimait qu'il assumait là un handicap insurmontable dans sa fonction d'acteur. On a tous besoin d'un feu de bois et d'une personne en forme de poire à un moment ou l'autre de notre existence.

26 novembre 2006

l'obscur et la raison

"L'obscurantisme est de retour. Mais cette fois-ci nous avons affaire à des gens qui se réclament de la raison. "
Pierre Bourdieu

23 novembre 2006

la poussière de pollen de l'été finissant

"Nous partagerons notre souffle, quand nos cendres seront éteintes. Nous serons
cette poussière de pollen que l'été soulève aux coins intimes de la véranda. Et
des jeunes gens s'embrassant dans ces coins diront: « Mais qu'est-ce que cela ?
Cela sent comme l'été, c'est bouleversant...» Et l'on entendra l'océan.
Françoise Lefèvre. L'or des chambres.

Philippe Noiret a tiré sa révérence. Inoubliable Alexandre le Bienheureux, dont
on revit quelques images au JT de France2 ce soir. J'ai retrouvé avec bonheur
celui auquel je m'identifiai le mieux lors des visions répétées de ce qui
demeure mon film fétiche: son chien, avec lequel il s'enfonce dans les champs
dans la dernière séquence, faisant s'envoler une nuée d'oiseaux dans le soleil
couchant.

20 novembre 2006

le petit et l'infini

"Quand on a une aiguille dans l'oeil, que peut bien vous faire l'avenir de la maribe britannique?"
Henri Michaux.

19 novembre 2006

les ruines et leur reflet

"Les fleurs sont le reflet riant des ruines."
Pierre Jean Jouve

Découvert sur les murs d'une cabine de bain dans l'ancienne piscine de Roubaix, métamorphosée en un superbe musée d'art et de technique.

entre mélancolie et espoir

"Dans ces épreuves, je suis partagé entre deux sentiments contraires; la mélancolie, en voyant s'abîmer ce que j'ai aimé.
Mais aussi l'espérance; lorsque les éléments sont décomposés, ils peuvent se recomposer d'une manière plus pure, pour préparer une nouvelle aurore."
Jean Guitton. Un siècle une vie.

Ecrits de retour de captivité. Les rescapés n'étaient plus des héros, comme en attesteront bien d'autres écrivains rescapés par la suite, de Primo Levi à Jorge Semprun, des vétérans du Vietnam qui campèrent hagards dans Central Parc à New York aux éclopés d'Irak. Mais reste-t-il aujourd'hui l'espoir d'une nouvelle aurore?

le parallèle et l'infini

"Le chemin de fer est l'image du successif qui se rapproche du parallèle : la parité des rails."
Robert Delaunay, cité par Merleau-Ponty in L'oeil et l'Esprit."

Notre cadette et son compagnon nous surprennent hier dans notre quotidien pour nous parler de leurs projets. Leur enthousiasme et leur foi dans la Vie fait du bien à voir. Les rails qui convergent et ne convergent pas, qui convergent pour rester là-bas équidistants, belle image allégorique pour un couple qui tisse son existence. La lecture de quelques pages de Merleau Ponty ce matin me les fait découvrir par hasard, et je ne résiste pas au plaisir de vous les partager.

14 novembre 2006

ma patrie ici bas

"Mes chaussures sont ma patrie."

A. Jodorowski. Les pierres du chemin.

silence et absence de vide

"Le silence est une tranquillité mais jamais un vide
il est clarté mais jamais absence de couleur
il est rythme
il est le fondement de toute pensée. "

Yehudi Menuhin

13 novembre 2006

11 novembre 2006

l'éternité

"L'éternité n'est pas un temps interminable. C'est l'absence de temps."
Jean d'Ormesson. La Création du monde.

réflexion pour un onze novembre

"La fin est là d'où nous partons."
TS Eliot. Little Gidding.

10 novembre 2006

ce tic tac assourdi

"À l'heure où le vent tombe
où le jour se suspend
lorsque les hirondelles ne sortent plus du nid
quand la chouette chevêche se prépare à chasser
quand les feuilles des arbres parlent à voix si basse
que leur chuchotement est tissé de silence

ce battement de sang ce tic-tac assourdi
est-ce ton c½ur? Est-ce le mien?
Est-ce la mer qui inspire et respire
ou le souffle du temps qui passe et glisse et fuit?
Écoute
Des pas légers hésitent dans le noir
Qui vient à la rencontre? Qui se tait? Qui attend?
Est-ce toi? Est-ce moi? Est-ce nous deux ensemble?"

Claude Roy. LE SILENCE DE LA NUIT

Curieux moment de l'année, où la nuit reprend le dessus sur le jour.
L'alternance de toute chose dans la nature demeure ma meilleure boussole de vie.

l'espoir le désir

"Tout espoir envolé, il nous reste le désir."
Dante
Hubert Nyssen reprend cette phrase de Dante dans son dernier ouvrage, "la sagesse de l'éditeur", et l'aime manifestement. Il la reprend texto dans une des notes de son blog ainsi que dans la lettre ouverte adressée à son arrière petie fille de deux ans : « Ne jamais oublier le plaisir dans la nécessité, ni la nécessité dans le plaisir ; ne jamais cesser de pédaler sous peine de voir le vélo vaciller et entraîner le cycliste dans sa chute, et, selon les mots de Dante, se rappeler que, “tout espoir envolé, il reste le désir”.

05 novembre 2006

de la liberté présumée

"Je doute que toute la philosophie du monde parvienne à supprimer l'esclavage: on en changera tout au plus le nom.
Je suis capable d'imaginer des formes de servitude pires que les nôtres, parce que plus insidieuses: soit qu'on réussisse à transformer les hommes en machines stupides et satisfaites, qui se croient libres alors qu'elles sont asservies, soit qu'on développe chez eux, à l'exclusion des loisirs et des plaisirs humains, un goût du travail aussi forcené que la passion de la guerre chez les races barbares."
Marguerite Yourcenar . Mémoires d'Hadrien.

en évoquant la maison d'Erasme

"Les choses les plus belles sont celles
que souffle la folie et qu'écrit la raison."
André Gide Journal

Cité par Hubert Nyssen en exergue de son dernier ouvrage-confession "La sagesse de l'éditeur". Il y raconte les après-midi de ses jeunes années , durant la guerre, où il allait puiser la sagesse dans l'enclos magique de la maison d'Ersame, à Anderlecht.
Le conservateur lui fit découvrir L'éloge de la folie en édition originale, soigneusement conservé dans une vitrine. Il en fut marqué à jamais.

La maison d'Erasme se situe à 250 m de notre maison, et j'adore m'y recueillir de temps en temps, endroit préservé et bénéfique pour la santé de l'esprit.
Je ne sais pourquoi, ce petit clin d'oeil m'a rendu heureux.

02 novembre 2006

connu inconnu

"Nous vivons auprès d'êtres que nous croyons connaître: il manque l'événement qui les fera apparaître tout à coup autres que nous les savons."
Marcel Proust

Ces frontières qu'on outrepasse

"Il n’est frontière qu’on n’outrepasse."
Edouard Glissant. Le Monde diplomatique , octobre 2006.

A défaut de montagnes ou de mers, l'homme a inventé toutes sortes de frontières pour se protéger de l'Autre: grillages, barbelés, murs, barrières électrifiées, etc. Aucune, pourtant, n'a résisté à l'irrépressible volonté - ou nécessité - de passer outre.
Nous fréquenons les frontières, non pas comme signes et facteurs de l'impossible. mais comme lieux du passage et de la transformation. Dans la relation. l'influence mutuelle des identités, individuelles et collectives, requiert une autonomie réelle de chacune de ces identités. La Relation n'est pas confusion ou dilution. Je peux changer en échangeant avec l'autre, sans me perdre pourtant ni me dénaturer.
C'est pourquoi nous avons besoin des froncières. non plus pour nous arrêter, mais pour exercer ce libre passage du même à l'autre, pou souligner la merveille de l'ici-là.

Pour ce qui est des frontières légales entre communautés, observons comme il est agréable de les quitter sans contrainte, sans mesure, de continuer comme naturellement de l'atmosphère Maroc à l'atmosphère Algérie et de ce vivre-France à ce vivre-Espagne, et de l'air qu'on respire en Savoie à l'air qu'on respire en Toscane ("C'est encore loin, la Toscane?"), et des déserts bleus du Pérou aux déserts ocre du Chili. Vous vous sentez léger d'une inouië vêture, et plein d'un appétit ancien pour ce qui va survenir, la frontière est cette invitation à goûter les différences, et tout un plaisir de varier.
Mais revenons ensuite à tous ceux qui ne disposent pas d'un tel loisir, les immigrants interdits, et concevons le poids terrible de cet interdit. Franchir la frontière est un privilège dont nul ne devrait être privé, sous quelque raison que ce soit. Il n'y a de frontière que pour cette plénitude enfin de l'outrepasser, et à travers elle de partager à plein souffle les différences."