"Evidemment
Evidemment
On rit encore
Pour les bêtises
Comme des enfants
Mais pas comme avant
Pas comme avant."
France Gall
Raymond Devos est mort, mais meurt-on quand on a tant fait rêver et rire qu'il ne le fît. Il a entamé ce jour sa "chute ascensionnelle" , lui qui prétendait ne rien faire d'autre que "raconter ce qu'il observait", por ajouter après un silence... "bien sûr il y a observer et observer." Tout est là, dans cette rondeur, ce volume, cette légèreté de la montgolfière qui vous emportait, vous et vos rêves.
Observer la vie comme elle vient, triste et gaie. "Il n'y a pas une grande différence entre le tragique et le comique, c'est seulement une différence de dose."
"Le comique, c'est toute notre histoire observée avec honnêteté : les moments exceptionnels, les grandes idées, les moments de gloire, et les moments de chute. Il y a des thèmes auxquels il ne faut pas toucher, tout ce qui est au dessous de la ceinture, tout ce qui est dégradant pour l'homme. Plus généralement, rions de nous, mais pas des autres. Protégeons le rire !"
« Quand on s'est connus, ma femme et moi, on était tellement timides tous les deux qu'on n'osait pas se regarder. Maintenant, on ne peut plus se voir ! »
Il avait surtout le chic de rire sans blesser, avec cette autodérision envers le contribuable qu'il était, traqué par le fisc, et "qu'un abattement fait se redresser alors qu'un redressement l'abat."
Ses dernières semaines un accident vasculaire cérébral et de mauvaises querelles de proximité avaient assombri la sortie de l'artiste. On peine à l'imaginer amoindri dans une chambre d'hôpial pour vieux. A tout prendre, il rejoint aujourd'hui son image de jongleur pour l'éternel et c'est mieux ainsi. Merci l'artiste pour tant de bonheur donné.