"C'est une langue belle à qui sait la défendre
qui offre des trésors de richesses infinies
les mots qui nous manquaient
pour pouvoir nous comprendre. "
Yves Duteil
Les Inuits possèdent le terme "iktsuarpok" pour désigner cette
attente anxieuse avec laquelle on regarde par la fenêtre dans l’espoir
de voir venir la personne que l’on attend. Dans les îles Trobriand, en
Nouvelle-Guinée, existe le mot "mokita", pour qualifier un fait
douloureux, ou une vilaine maladie, que tout le monde connaît mais dont
personne ne parle. Les Allemands connaissent la "Torschlusspanik",
le sentiment que nos possibilités se réduisent à mesure que nous
prenons de l’âge. D'aucuns s'amusent en offrant dans un petit coffret un
choix de ces "mots parfaits" tirés d’autres langues et
impossibles à traduire, dont on se lit les définitions à haute voix, les
uns aux autres autour d'une table. La boîte rangée, on peut traquer
toutes ces situations ou sentiments sur lesquels ne peut coller aucune
étiquette: le plaisant réflexe de se servir un dernier verre de vin pour
ne pas le laisser dans la bouteille, le très bref moment de
lâcher-prise entre éveil et rêve avant de tomber dans les bras de
Morphée, ou encore cette coutume de prendre congé d'un être cher en continuant à le saluer jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre vue. La liste des mots parfaits est loin d'être close.
Lu dans:
Yves Duteil.
La langue de chez nous. Les éditions de l'écritoire. 1985.
Lize Spit. Twintig ‘perfecte woorden’ uit andere talen die niet in het Engels te vertalen zijn. De Morgen. 18.11.2023
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