23 avril 2025

Les mots parfaits

 

"C'est une langue belle à qui sait la défendre
qui offre des trésors de richesses infinies
les mots qui nous manquaient
pour pouvoir nous comprendre. " 
                        Yves Duteil


Les Inuits possèdent le terme "iktsuarpok" pour désigner cette attente anxieuse avec laquelle on regarde par la fenêtre dans l’espoir de voir venir la personne que l’on attend. Dans les îles Trobriand, en Nouvelle-Guinée, existe le mot "mokita", pour qualifier un fait douloureux, ou une vilaine maladie, que tout le monde connaît mais dont personne ne parle. Les Allemands connaissent la "Torschlusspanik", le sentiment que nos possibilités se réduisent à mesure que nous prenons de l’âge. D'aucuns s'amusent en offrant dans un petit coffret un choix de ces "mots parfaits" tirés d’autres langues et impossibles à traduire, dont on se lit les définitions à haute voix, les uns aux autres autour d'une table. La boîte rangée, on peut traquer toutes ces situations ou sentiments sur lesquels ne peut coller aucune étiquette: le plaisant réflexe de se servir un dernier verre de vin pour ne pas le laisser dans la bouteille, le très bref moment de lâcher-prise entre éveil et rêve avant de tomber dans les bras de Morphée, ou encore cette coutume de prendre congé d'un être cher en continuant à le saluer jusqu’à ce qu’il disparaisse de notre vue. La liste des mots parfaits est loin d'être close.


Lu dans:
Yves Duteil.  La langue de chez nous. Les éditions de l'écritoire. 1985.
Lize Spit. Twintig ‘perfecte woorden’ uit andere talen die niet in het Engels te vertalen zijn. De Morgen. 18.11.2023

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