Pétards pleins la fête
Je lui imagine un visage. Il portait peut-être un de ces polar à capuche
des gavroches de mon quartier. J'ai cru lire qu'il est mort le soir de
l'an en faisant exploser des pétards. Je pense à ses parents, aux nombre
de couches-culottes, de réveils la nuit, d'émerveillements des premiers pas, aux premiers septembre, aux 30 juin, aux rêves de diplômes, aux bouderies,
aux fêtes des pères, aux noëls aux santons, aux grandes joies et aux
vrais rêves pour cet enfant qui les continuerait. Le vacarme dérisoire
de la pétarade sans fin ce 31 décembre 2012 de 22h30 à 2 heures du matin
n'a désormais plus quitté mes oreilles, pétoire discontinue, dans tous les coins, le feu mis à l'arsenal. Des feux d'artifice de toute taille à 360° autour de la maison, à 100 mètres, à 500, à 2 kilomètres, à 10, comme si on fêtait un millénaire de lait et de miel, la naissance d'un monde neuf paré de toutes les promesses d'une prospérité
jamais connue à ce jour, le plein emploi, la fin d'une grande guerre, la
survenue de grandes inventions. Chez nos voisins d'outre-Quiévrain, les
bengales ne suffisant plus à la fête, on alluma des voitures en
batterie: on n'a que les fêtes qu'on se donne. S'il est triste de perdre
un enfant à la guerre, le perdre en faisant exploser des pétards pour
mimer une fête sans contenu constitue un chagrin dont on ne se remet
guère.
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