03 mai 2021

Le droit d'être triste

 

"Débarrasse-toi de l'espérance. Et vois choses comme elles sont. »
                    Bhagavad-Gita



Elle était la personne la plus pétillante qui soit, au plan professionnel et dans sa vie. Un an et demi après le début de la pandémie elle n'est plus que cette petite chose grise, ramassée sur elle-même, triste, apeurée par les perspectives d'avenir, et que les conseils à se dépasser ne font qu'enfoncer davantage. Une détresse qui n'ose plus s'exprimer, faute d'être entendue, détruit plus qu'on le pense. Aurait-on oublié qu'un grand malheur n'est jamais une chance, et que la capacité de rebondir n'est pas donnée à tous. On rêve de lieux "ici on peut déposer son chagrin sans honte", où révéler sa faiblesse ne donnera lieu à aucun appel à devenir fort. Laisser à la tristesse le temps de mourir d'elle-même, patiemment comme le sol sèche après la pluie et au désespéré le simple droit de pleurer sans se cacher.




Lu dans :
La Gîta, citée par Jean-Claude Carrière. Fragilité. Odile Jacob. 2007. 284 pages. Extrait p. 107

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