11 mars 2021

Savoir-vivre d'ici et de là

 

«Au Japon, les meilleures pièces se trouvent à l’arrière de la maison, on se sèche après le bain avec une serviette humide, on quitte ses souliers et non pas son chapeau en entrant, on monte à cheval du côté droit, les clefs tournent dans un autre sens que chez nous, les menuisiers ne poussent pas le rabot, mais le tirent à eux, on compte sur ses doigts en commençant par l’auriculaire et en les repliant sur la paume de la main au lieu de les étendre, les livres commencent à ce que nous nommons la fin, les notes sont placées en haut des pages et le mot fin se trouve où nous mettons le titre.»
                        Corinne Atlan. Les bizarreries de la vie japonaise 



Je découvre quasi au même moment ces codes de la société japonaise et ceux de Buckingham Palace. C'est amusant. "L’organisation de la table illustre par exemple la différence des habitudes entre les deux rives de l’Atlantique. Dans les grandes demeures style « Downtown Abbey », le sel et la moutarde sont par exemple posés au centre de l’assiette principale. Les verres sont à droite (de même que les serviettes), le plus grand venant en premier, les autres se suivant dans l’ordre où les vins sont servis. Les cuillères sont toujours rondes. Quand le repas est terminé, on doit poser ses couverts à « six heures trente », signe que l’on peut desservir. Il faut rester raide comme un « I » sur le siège, les coudes serrés le long du corps et les convives gardent toujours la main sous la table. Le protocole veut que lors de l’entrée, les dîneurs parlent avec le voisin de gauche et, quand vient le plat principal, ils se tournent vers celui de droite. Au dessert, on peut choisir entre les deux celui ou celle qu’on préfère. On ne discute jamais politique, sexe et religion, sujets considérés comme exotiques dans un univers convaincu de représenter un peuple unique au monde. Les questions sur l’activité professionnelle sont jugées impolies tout comme sont bannis les prix de l’immobilier et les derniers déboires des célébrités, thème de prédilection des agapes citadines. En revanche, les attributs de l’existence champêtre de la « gentry » – vie du village, jardinage, écoles privées, chevaux, chiens…- mais aussi l’histoire ou les souvenirs de vacances à l’étranger, sont appréciés. Il faut aussi jouer des inépuisables nuances de l’humour."

 


Lu dans :
Marc Roche. Meghan, duchesse rétive aux codes de la noblesse. Le Soir 10 mars 2021. Extrait p.8
Corinne Atlan. Un automne à Kyôto. Albin Michel. 2018. 298 pages. Extrait p.277

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