09 décembre 2020

Eclaboussures

 

"Au bord d'un ruisseau capté et conduit jusqu'au cloître via les roches — une source qui coule discrètement toute l'année —, il passe en revue son passé, les écueils, ravissements, aspirations d'antan. L'eau coule et traverse le monastère puis ressort côté sud (..) gardant l'écho intact, quel que soit l'âge, de la voix et des mots qu'elle porte." 
                                Etienne Faure

 
 
Une vie passe, au bord d'un ruisseau qui traverse un cloître silencieux. J'écoute son ruissellement, qui réveille les sons de mon enfance, la voix de mes parents et de mes amis perdus, les projets de mes enfants et les rires de leurs propres enfants. L'eau vive m'éclabousse au passage, moqueuse : qui est ce vieil homme qui nous contemple, on dirait un enfant. Ruisseau changeant, aux mille visages qui m'accompagnèrent dès ma naissance, vieil enfant aux traits burinés par ces mille rencontres, et à qui je répète inlassablement: bonjour, vous souvenez-vous? c'est moi.



Lu dans:
Étienne Faure. Et puis prendre l'air. Collection Blanche. Gallimard. 2020. 136 pages. Extrait p.58

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