02 décembre 2020

Dans la peau d'un autre

 

"Toute cette frénésie était assez amusante, et parfois touchante, mais c’était aussi un peu déconcertant. Au fond, réalisais-je, les gens ne me voyaient plus, moi, avec toutes mes particularités et tous mes travers. C’était plutôt comme s’ils s’étaient emparés d’une effigie de moi-même pour l’investir d’un million de rêves différents. Je savais qu’un moment viendrait où je finirais par les décevoir, par ne pas être à la hauteur de l’image que ma campagne et moi avions façonnée."  
                    Barak Obama


Belle réflexion sur l'image de soi, celle qu'on transmet et celle que les autres nous renvoient. Hier soir, le film documentaire "Où sont passées les hirondelles ?" s'attardait sur le récit d'une survie dans une bergerie au cœur de l'Auvergne. Un agnelet d'un jour meurt auprès de sa mère. A deux pas, un autre va mourir, surnuméraire d'une portée de trois, délaissé par une brebis qui ne peut en nourrir que deux. La bergère use d'une stratagème ancestral, substituant l'agnelet laissé pour compte au mort-né. Pour le faire accepter, elle va le revêtir de la peau de l'autre, de son odeur, du reste de chaleur qu'il abrite, de ce qu'il fut. Se mettre dans la peau d'un autre pour naître à la vie: après quelques hésitations, sa nouvelle mère fait le choix de la vie et nourrit ce petit qui était mort et qui lui a été rendu. Exister demande parfois quelques compromissions avec la réalité.

 

Lu dans:
Barack Obama. Une terre promise. Fayard. 2020. 840 pages. Extraits p.186

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