30 juin 2020

Trente juin ça ne s'oublie pas

Contre vents et marées         envers et contre tout
j'ai         chevillé dans le cœur         un rêve de bonheur
un jour nouveau qui se lève   
un geste     un regard     un mot     un ami qui vient
deux arbres dressés dans le ciel         la lune et la nuit
deux amoureux dans un champ 
une fille qui revient d'un voyage très loin."
                    François Bérenger. Tous ces mots terribles.
 
 
S'il ne me fallait garder que deux dates dans l'année, ce seraient le 30 juin et le 1er septembre. Sentinelles entre deux mondes juxtaposés, qui me furent aussi heureux l'un que l'autre: celui d'un espace vierge à découvrir en toute liberté et celui du monde extérieur avec ses règles dans lesquelles on s'insère. Chaque 30 juin réveille en moi un rêve de bonheur , d'un jour nouveau qui se lève et se répétera inlassablement deux mois durant. Il y a longtemps que je n'ai plus jeté de cahiers au feu, ni remercié de professeur, et pourtant la magie demeure. J'interrogeai un jour mes enfants sur leur motivation à prendre la route à vélo, hors de tout confort et de toute sécurité, pour de si longs mois. "Pour la griserie de l'horizon inconnu qui se déroule devant nous le matin, à découvrir sans modération." C'est ce qui me fait chaque année le 30 juin vous laisser deux longs mois sans café ni journal, sans toutes ces balises rassurantes que sont vos réactions amicales, pour connaître la seule griserie de ce vaste espace libre et désert. Il importe que nous retrouvions des rythmes dans l'année, une respiration après cette longue chronique quotidienne du Covid-19, un moment pour activer la touche étoile, celle qui nous met en pause mais nous fait aussi rêver à ce qu'étaient nos grandes vacances à l'âge où le vélo était à lui seul une autoroute. Il manquera quelque chose, mais que remplacera chaque matin le tintement d'une sonnette de bicyclette, le chant d'un merle, l'étude hésitante d'un Czerny au piano d'une petite voisine, tous ces instants modestes qui font de nos journées d'été une école à part entière. Bonnes vacances à ceux qui peuvent en bénéficier, on se retrouve en septembre.


Lu dans:    
Béranger en public 98. Tous ces mots terribles. Double CD Futur Acoustic CD 0399

1 commentaire:

Tania a dit…

Surprise, heureuse surprise de trouver chez vous des mots de François Béranger, tant écouté autrefois !
Ce sont des dates-clés, oui, même quand on n'est plus élève ni prof, ce sont les vraies dates de l'été. Très bonnes vacances à vous.