19 février 2019

Ce qu'on doit aux bipolaires


"Les caractéristiques du maniaque, individu hyperactif, sûr de lui, agressif, hyperactif, qui ne dort presque pas, peuvent revêtir une dimension adaptative dans des situations extrêmes. Par exemple, en temps de guerre. C’est aussi à ces temps chaotiques et sanglants que se référait Albert Demaret quand il parlait des psychopathes en ces termes : « En temps de paix, on les enferme ; en temps de guerre, on compte sur eux et on les couvre de décorations… »
                        Albert Demaret, cité par Jérôme Englebert

Vrai? Faux? Quand les généraux ont quitté la Maison Blanche en fin d'année 2018, ce fut perçu comme le départ des derniers éléments modérés entourant un président incontrôlable. Mais il demeure que certaines pathologies psychiatriques présentent des aspects positifs: l'abbé Pierre, bipolaire notoire, aurait-il lancé son appel enfiévré le 1er février 54 pour loger les sans abri s'il n'avait connu l'alternance de périodes dépressives et maniaques durant lesquelles il ne doutait de rien? Les tableaux lumineux de Van Gogh, Ainsi parlait Zarathoustra de Nietzsche furent des productions maniaques exaltées. Ernest Hemingway, Virginia Woolf, Edgar Allan Poe, Steve Jobs, Elon Musk connurent de semblables alternances de dépression et de créativité extrême. D’après son biographe François Kersaudy, Winston Churchill traînait derrière lui sept générations familiales de maniaco-dépressifs. Sujet à des pensées suicidaires lorsqu’il n’était pas au pouvoir, Winston Churchill vivait des phases d’exaltation, notamment dans le feu des combats de la Première Guerre mondiale. Sous la mitraille, il affirmait "ne s’être jamais senti aussi bien", ce que corrobora l'image du Premier Ministre sous les bombes dans le Londres ravagé de 1940. Sans être bipolaire, aurait-ce été possible? 


Lu dans:
Philippe Lambert . Bipolarité et animaux territoriaux. Le Journal du Médecin. 15 février 2019
Albert Demaret. Éthologie et psychiatrie, suivi d’Essai de psychopathologie éthologique par Jérôme Englebert et Valérie Follet. Mardaga.2014. 278 pages

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