18 mars 2018

Quand la viande était fête


"Faut pas que ça vous inquiète
J'ai bien connu l'animal mort dans votre assiette."
        Cabrel. Le monde est sourd (2000)

Sale temps pour les steaks Chateaubriand et tournedos Rossini, produits dans les mêmes usines que le minerai de viande, les queues de vaches douteuses et les surgelés 15 ans d'âge destinés au Kosovo. La poule au pot familière qui nous avait donné ses œufs durant de longs mois et le coq au vin dont le cri ne nous réveillera plus le matin appartiennent-ils au passé ... ou à l'avenir? Étrange pouvoir de vie et de mort, totalement industrialisé, que s'est attribué l'homme sur ces animaux qui peuplent nos vie et nos univers, ceux qui surgissent inopinément, les animaux domestiques, les comestibles, les nuisibles,  .. Ils partagent nos vies, occupent nos espaces, disparaissent selon notre bon vouloir souvent à notre insu dans de vastes remorques bâchées qui les soustraient à notre regard. Leur simple présence dans notre univers familier contribuait pourtant à une meilleure perception de notre propre existence, nous apprenant être pleinement là, sans projection vers l'avenir, offerts à ce qui se présente. Indiscutablement vivants. 

Lu dans:
Jane Sautière. Mort d'un cheval dans les bras de sa mère. Verticales. 2018. 192 pages. Extrait p.61

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