01 février 2018

Ce que se disent les mones


"Le langage est le propre de l'homme."
            Idées reçues et croyances à reconsidérer

Plongé dans mes lectures un après-midi d'été, je fus intrigué par l'étrange dialogue de deux oiseaux que séparaient une trentaine de mètres, chant modulé par le répons manifeste de deux mélodies parfois similaires, parfois originales mais systématiquement en harmonie, se rejoignant parfois en un duo charmant. Si ces deux-là ne communiquaient pas, que faisaient-ils donc? Une étude récente des cris d’alarme des mones sauvages (un cercopithèque, chimpanzé d'Afrique équatoriale) découvre un florilège d’expressions variées respectant des règles sémantiques et syntaxiques. Si le mâle émet une série de « boom » pour rassembler ses femelles et amorcer un déplacement, une série de « krakoo » signale un prédateur. Si dans cette séquence, il place des « krak », le prédateur est un léopard ; s’il place des « hok », c’est un aigle. Si ces « hok » sont ­espacés, il n’a pas l’intention d’attaquer : les ­femelles se cachent. Mais s’ils sont serrés, toutes les femelles arrivent pour l’aider dans son attaque. Plus étrange encore, si  deux espèces cohabitent, la mone de Campbell et le cercopithèque Diane, elles sont capables d’échanger et de comprendre leur « cri de prédateur léopard » respectif. En captivité, en revanche, les cris ­anti-prédateurs ne sont plus utilisés mais les mones ont innové en développant une alarme antivétérinaire ! 

Lu dans:
Marie-Laure Théodule. Alban Lemasson, décodeur du langage animal. Le Monde Science et techno. 28 janvier 2018.

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