09 octobre 2016

Le monde d'hier


"Le soleil brillait, vif et plein. Comme je m'en retournais, je remarquai comme j'avais vu l'ombre de l'autre guerre derrière la guerre actuelle. Elle ne m'a plus quitté depuis lors, cette ombre de la guerre, elle a voilé de deuil chacune de mes pensées, de jour et de nuit; peut-être sa sombre silhouette apparaît-elle aussi dans bien des pages de ce livre. Mais toute ombre, en dernier lieu, est pourtant aussi fille de la lumière et seul celui qui a connu la clarté et les ténèbres, la guerre et la paix, la grandeur et la décadence a vraiment vécu."
        Stéphane Zweig

Dernier paragraphe d'une longue autobiographie. Peu de temps après, Stéphane Zweig se donnait la mort en exil, empreint d'un profond sentiment d'échec, exilé de sa patrie car Juif et du monde libre car citoyen de cette Autriche rattachée au Reich allemand. Peu de temps avant, toute son œuvre a été interdite et brûlée dans les autodafés du national-socialisme.  Étrange retour de l'Histoire, rares sont les auteurs autant lus et traduits aujourd'hui. Toute ombre, en dernier lieu, est fille de la lumière.




Lu dans:
Stéfan Zweig. Le monde d'hier. Traduction Serge Niémetz. Souvenir d'un Européen. Belfond 1942. Le Livre de Poche 14040. 511 pages. Extrait p.506 

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