30 janvier 2016

Où serons-nous ce soir ?

" L’instant n’a pas de présent
rien qu’un avant     rien qu’un après
des avant
des après
et un plus jamais "
    Pedro Vianna

Funambules sur le fil de nos vies, dans un paysage infini, nous sommes à la merci du vol d'un oiseau étourdi qui nous heurte.

Bucolique

"Pose-toi la question         être ministre à la cour
comment le comparer à être immortel dans la forêt?
Un pichet de vin         un fourneau pour l'élixir,
le bonheur d'écouter le vent dans les pins
et en pleine journée         de s'endormir."
            Chang Ling Wen

Étrange pouvoir d'attraction de ces phrases qu'on ne s'applique jamais dans sa propre existence.  On s'y réchauffe, et c'est déjà ça.
 

       
Lu dans :
Denis Grozdanovitch. Rêveurs et nageurs. Editions Corti. Points. 2005. 307 pages. Extrait p. 208

29 janvier 2016

Vite vite

"Le XXI" siècle est celui de la vitesse. Comme en Formule I, ça va de plus en plus vite, mais ça tourne en rond. "
            Bruno Gacchio

Un peu réducteur, mais bon c'est plaisant alors pourquoi pas commencer sa journée par un sourire.


Lu dans:
Bruno Gaccio. Mais non madame Martin c'est pas compliqué l'économie. Ed Les Liens qui Libèrent. 2015. 192 pages. Extrait: Exergue

27 janvier 2016

Débat au Parlement européen


«La colère est nécessaire, on ne triomphe de rien sans elle si elle n'échauffe le cœur. Elle doit donc nous servir, non pas comme chef, mais comme soldat.»
Aristote

Moment rare, l'intervention de Louis Michel au Parlement européen ce mardi en fin de débat consacré à la réforme du droit d’asile votée par le Danemark. Colère homérique, tant contre les mesures danoises, que contre le «  simulacre de débat  » auquel s’est adonné le Parlement européen.  Il y a la violence meurtrière des ceintures d'explosifs, bien dissimulées sous les habits amples et dans la foule anonyme, et celle - à laquelle j'adhère - de la parole qui explose dans une enceinte démocratique. 

Lu dans :
Aristote cité par Bruno Gaccio. Mais non madame Martin c'est pas compliqué l'économie. Ed Les Liens qui Libèrent. 2015. 192 pages. Extrait p 8


"Il est risqué de se mirer dans les vitrines des devantures. Celle du magasin d’antiquités te rajeunit; mais dans celle de la boutique de nouveautés, tu ressembles à un spectre."
            Eric Chevillard
 


 

25 janvier 2016

Libre

«La liberté consiste à faire tout ce que permet la longueur de la chaîne.»
         Cavanna


Lu dans:
Cavanna cité par Bruno Gaccio. Mais non madame Martin c'est pas compliqué l'économie. Ed Les Liens qui Libèrent. 2015. 192 pages. Extrait p 44.

24 janvier 2016

Demain est possible

N'aspire pas à l'existence éternelle
mais épuise le champ des possibles."
     Pindare (518-438 av JC)

Le grand poète lyrique grec n'aurait pas renié le film Demain, sorti cette semaine et qui nous a enchantés. La seule chose qui puisse être fatale à l'humanité, c'est de croire à la fatalité (Martin Buber). 

 


Demain. Film documentaire français réalisé par Cyril Dion et Mélanie Laurent (2015). Réalisateurs : Mélanie Laurent, Cyril Dion. Durée : 1h 58m.

23 janvier 2016

Vitamines

"C'est pas grand-chose mais ça fait du bien".
            Raymond Carver

Belle devise pour un samedi banal, qu'on voudrait heureux. S'épargner les trop grandes et chimériques espérances pour apprendre, comme le recommandait Jacques Chardonne à "poser le pied assez légèrement sur cette terre" est une sagesse.  
 
Lu dans :
Raymond Carver. Les vitamines du bonheur. Nouvelles. Le livre de Poche. 1976. 222 pages.
Denis Grozdanovitch. Rêveurs et nageurs. José Corti. 2005. Points P1810.312 pages. Extrait pp 34, 74

21 janvier 2016

Séduction simple

"Elle vint
 Il ôta le vent de ses épaules
 fit glisser de ses hanches
 la neige du voyage
 Il lui demanda d'oser dire
 Elle parla avec audace
 d'un jardin déserté
 de trois ou quatre bouleaux trahis
 Il lui offrit la première lampe
 du soir."
                            André Schmitz.
 

 

Miracle, de l'herbe

"Le miracle, ce n'est pas de marcher sur l'eau
le miracle c'est de marcher sur la terre verte."
            Tich Nhat Hanh (1926- )

Avec Henry David Thoreau (1817-1862) on ajoutera "À quoi sert d'avoir une belle maison si vous n'avez pas une planète acceptable pour la mettre dessus" ?

Thoreau magnifique éclaireur de notre écologie moderne et de tous les mouvements actuels de "simplicité volontaire". Comme Nietzsche dont il est le contemporain, guère lu de son temps, sinon par ses quelques amis. Il vécut à Walden Pond et Concord où subsiste l'école des transcendentalistes, revivifiée par quelques fous d'aujourd'hui, dans le bâtiment de bois de l'époque. Frisson garanti. Bien actuel tout cela.


 
Timothy Ferriss. La semaine de 4 heures. Pearson. 2010. 390 pages. Extrait page 283
Henry David Thoreau. Correspondance. "What's the use of a fine house if you haven't got a tolerable planet to put it on?" 

20 janvier 2016

Chut !

"Le monde est malade. Médecin, je lui prescrirais le silence."
                 Søren Kierkegaard (1813-1855)



Diagnostic posé au milieu du 19ème siècle, heureusement cela va mieux 


19 janvier 2016

Slowfastfuture

"La vitesse coûte cher. Vous voulez dépenser du combien à l'heure?"
             M.Crawford

La plus véloce: Nissan GT-R V6 3,8  550 ch (imaginer une carriole tirée par... 550 chevaux), 0 à 100 km/h en 2,7 secondes, 312 km/h en vitesse de pointe. Pour personnalités actives dont le temps est précieux. Budget: 150 000 €. Le vieux cordonnier bougon de mon quartier annonçait en vitrine: "Travailler vite ou bien, il faut choisir. Moi je l'ai fait." Il roulait en vélo. Il vivait dans une autre époque: l'avenir. 


 
Lu dans:
Matthew B. Crawford. Eloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail. La Découverte. 2009. 250 pages.

18 janvier 2016

Pépé braqueur

"Picasso estimait qu'il faut un long temps pour devenir jeune. C'est ce que j'ai pu vérifier. Ma jeunesse n'a été que confusion, ennui, détresse ... Ainsi à l'angoisse, à la lourdeur, à la grisaille se sont progressivement substitués une quiétude, un profond bonheur d'être, une clarté qui ne s'éteint plus. Je n'ai jamais été précoce, et il m'a fallu atteindre la soixantaine pour pouvoir jouir de cette maturité tant attendue. Et formidable surprise, à la faveur de ce qu'elle m'accordait, je suis enfin devenu jeune. Liberté et jeunesse auxquelles je n'avais jamais goûté et qui furent d'autant plus appréciées."
             Charles Juliet

Nicolas Bouvier, dans sa Chronique japonaise, nous explique qu'au Japon, pays où les gens sont particulièrement contraints sur le plan social, l'on ne rencontre de personnes réellement singulières que parmi les retraités. Or une information récente - tragi-comique - nous apprend que le Japon du XXIe siècle va devoir faire face à un grave problème de délinquance sénile, les Japonais ne commençant à se libérer de l'ultraconformisme ambiant qui est le leur qu'à la période du troisième âge! 
 


 
Lu dans:
Charles Juliet. Lumières d'automne. Journal VI 1993-1996. POL. 2010.
Denis Grozdanovitch. Petit éloge du temps comme il va. Gallimard 2014. Folio 5820. 132 pages. Extraits p 90.  

16 janvier 2016

Ma nuit avec un pou

"Cent mille poux ne font pas un lion
mais un seul le rend fou. "
    Marcel Havrenne revisité par Jean Burton sj

La raison du plus fort n'est pas toujours la meilleure, quiconque a déjà tenté de dormir sous tente avec un moustique opinera. La nourriture de l'un fait l'insomnie de l'autre.

15 janvier 2016

"Cent mille poux ne font pas un lion."
    Marcel Havrenne

Lu dans:
Marcel Havrenne. Du pain noir et des roses. Ed Phantomas. 1984. 84 pages. Extrait p.29

14 janvier 2016

Pauvres rides


«Elle était jolie, sa petite Jeanne, au début. Mais la misère rend laid.»
            Isabelle Baldacchino

On peut trouver le mot inutilement cruel, quoique. Un ami médecin aime rappeler que le premier facteur de risque santé est la pauvreté, oppressante, sans issue, non-choisie, détruisant à feu doux le corps et l'esprit. Une fanaison précoce.


13 janvier 2016

Un faux véritable


« Et comme la vérité est fausse, je mens pour la rétablir »
                    Sébastien Thiéry

Où on apprend qu'un apprenti au djihad visant un commissariat de police avec un hachoir et une ceinture d'explosif factice s’est fait enregistrer en Allemagne sous quatre identités différentes et autant de  nationalités, syrienne, marocaine ou encore géorgienne. Pour ses proches il serait tunisien. La police précise que l’identité de l’homme demeure incertaine. La connaît-il lui-même encore?


Lu dans :
Sébastien Thiéry. Deux hommes tout nus.

10 janvier 2016

Faire lumière

"N'être qu'une lumière
qui porte les choses
jusqu'à tes yeux."
        d'après Eugène Guillevic

Tout ce qui peut danser dans un rayon de soleil surprend toujours, et peut disparaître dans l'instant. La même magie, et la même fugacité, rendent l'être humain parfois lumineux.
 


09 janvier 2016

Le rêve d'être vieux

«Quand j'étais à Alexandrie, me promenant seul sur le bateau que m'avait offert mon père ou faisant les 400 coups avec mes copains, et qu'on me demandait: "Qu'est-ce que tu veux faire plus tard?" , je répondais toujours: "Je voudrais être vieux." Entre l'enfant insouciant que j'étais et les vieillards que je voyais s'amuser, regarder les filles, aller à la pêche ou au café, il y avait les gens sérieux, ceux qui mettaient leur costume, qui prenaient leur voiture, qui allaient travailler, et je ne pouvais pas m'identifier à eux. Je voulais soit rester enfant, soit devenir vieux. »
                 Georges Moustaki


Oser le contre-courant: le grand-âge n'est pas qu'un naufrage, même si - comme il a été joliment écrit - "vivre n'y est plus évident *". Le bonheur se construit désormais au quotidien, une glace à deux boules sur un banc au soleil, une semaine en promotion à Gran Canaria, un p'tit resto de fête avec un vieux pote. On abdique la nécessité de se faire un destin au bénéfice de la cueillette des fleurs du jour. Et c'est bien. 


Lu dans:
François Gauchet. Vieillir en philosophe. Odile Jacob. 2015.205 pages.
Georges Moustaki. Interview à La Vie, 23 mai 2013.
(*) Simone de Beauvoir

08 janvier 2016

"Paysages, arbres, musique, ciel étoilé. Et dire  qu'il  faut laisser tout cela pour aller au paradis."
    Julien Green
 




Lu dans:
Julien Green. Pourquoi suis-je moi? Fayard. 1996. 410 pages 

07 janvier 2016

Le bien ne fait pas de bruit;
le bruit ne fait pas de bien.
           Proverbe chinois

05 janvier 2016

"Allons lentement, nous sommes pressés."
       Pierre Lyautey
   
Lu dans:
Julien Green. Pourquoi suis-je moi? Fayard. 1996. 410 pages.   

04 janvier 2016

Les fantômes dans l'armoire

"Oh ! ses petits habits de l’année dernière
dans l’armoire de l’enfant, tant de fantômes déjà . "
                Eric Chevillard.

Une dent de lait dans une enveloppe, une mèche de cheveux, les traits au crayon sur le linteau de la porte marquant la croissance, un premier dessin du bonhomme papa, la tétine rose abandonnée le soir des deux ans contre un lapin en peluche: l'armoire de l'enfant est une véritable machine à remonter le temps. Le nôtre comme le sien. Du bonheur concentré, pourquoi dès lors ces deux larmes? Parce que c'est du bonheur qui passe. 
 


03 janvier 2016

Vue sur vie

"Les manguiers se sont mués
en hêtre et tremble
le hamac n’a pas de crochet
l’eau n’est plus la même
la compagnie a changé
plus d’un demi-siècle a filé
et pourtant
il semble que
seul un instant
sépare ces deux instants."
    Pedro Vianna

Du Parthénon, la vue est magnifique sur Athènes, mosaïque de tesselles couleur cendre et sable, abritant chacune une famille, une classe, un atelier et autant d'existences entre espoir et regret. On se prend à imaginer ces vies multiples, et à revisiter la sienne propre. Cinquante ans nous séparent de cette même contemplation rêveuse, au même endroit, quelques semaines avant que commence le long voyage en médecine. Il n'est sans doute plus une cellule de nos corps qui soit la même, toutes ont été remplacées à notre insu pour faire survivre l'ensemble, qui pourtant a vieilli. Seule subsiste, intacte, la certitude de notre fragilité sur cette pierre éternelle, ces ruines nues de l'Acropole, "squelette de pierre et de marbre, blanchi par les sables du temps comme les ossements du désert" (Jacques Lacarrière), nous habituant à une certaine idée du dépouillement. 

01 janvier 2016

Eclosion d'une année

"Tout être porte en lui l'étincelle
dont le ciel tirera sa lumière"
                Paracelse
Pour savourer l'éclosion d'une année nouvelle, guettons-en les perce-neige. L'hôpital Saint Pierre ferme une de ses deux unités de soins pour sidéens, faute de patients à isoler et hospitaliser, la maladie ayant au fil des années rejoint le lot des infections chroniques curables. Que n'aurait-on donné il y a vingt ans pour lire pareille brève journalistique, aujourd'hui passée presque inaperçue, balayée par la suppression du feu d'artifice de la Saint Sylvestre. En France, une mère d'un enfant cancéreux se voit offrir par ses collègues de travail un pool de dix mois de disponibilité grâce à une "collecte" des jours de congé des uns et des autres, abandonnés afin qu'elle puisse se consacrer aux soins de son enfant. Que la générosité s'exprime en temps offert et non seulement en argent est aussi un signe des temps.