19 mai 2015

Ta Panta Rhei

" Ma rue est de celles que l'on finit par aimer sans compter. De cette affection tranquille que l'on porte aux êtres et aux choses qui n'ont plus rien à nous prouver. Un amour nourri par l'habitude, solidifié par une fréquentation quotidienne et dénué de toutes  péripéties . Ces rues sont restées, au fil des jours, les témoins constants de nos vies, des naissances et des morts, de l'amour et du chagrin , des Noëls et des anniversaires , de l'ennui et du drame, d'émotions insaisissables, de nostalgies fugitives, de toutes ces années écoulées sans même qu'on les ait vues filer... Oui elles sont devenues, d'une certaine façon , une partie de nous-mêmes ."
        Pascale Hugues.

Nos rues comme un fleuve. Façades, fenêtres et perspectives immuables, et pourtant avec Héraclite "tout passe, tout coule, car on ne se baigne jamais deux fois dans la même eau". Les marronniers malades de la pollution ont été remplacés par des gingko biloba plus résistants, les voisins qu'on croyait éternels nous ont quittés, les enfants ont émigré vers d'autres régions, tous les Beulemans, Bossemans et Coppenolle ont laissé la place à une population rajeunie, colorée, bruyante qui a adopté sans peine ce médecin blanchi par les années qui soigne leurs maux avec un plaisir non-dissimulé. Mélange subtil "d'émotions insaisissables, de nostalgies fugitives, de toutes ces années écoulées sans même qu'on les ait vues filer."
 

 
Lu dans :
Pascale Hugues. La robe de Hannah Berlin 1904-1014. Édition Les arènes 

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