30 mars 2014

Clair obscur

"L'intensité de l'amour se mesure non pas à son éclat, mais à son enfouissement."
Alfons Van Steenwegen

Me revient le sobre récit du lien resté discret qui sut unir par-delà leurs voeux religieux, l'éloignement géographique et la différence d'âge un vieux moine respecté et une religieuse qui ne l'était non moins. Une sorte de pudeur leur faisait éviter de nommer amour ce sentiment qui "trace son sillon dans le sol de la vie, comme une charrue, à travers ronces et rocailles, qui s'enracine dans l'être avec une solidité d'autant plus grande qu'elle ne mesure pas les années. C'est ainsi que l'amour se vit dans le clair-obscur du matin ou du soir."  Héloïse partant sur la route, au terme d'une longue existence marquée par la séparation physique, retrouver le convoi qui lui ramène la dépouille de son inoublié Abélard, aurait pu écrire ces lignes. Et chacun de nous qui connut la chance d'un amour.

Lu dans:
Alfons Van Steenwegen. La vie à deux: mode d'emploi .Bruxelles. De Boeck. coll.Comprendre. 2013

Ivresse

"S'enlivrer: être ivre de livres."
        La semaine de la langue française (15-23 mars 2014)

Saoul de lire. Longues journées estivales de mon enfance passées un livre à la main, ne réatterrisant dans la réalité que le soir les yeux emplis d'images des Caraïbes, du Groenland ou de Macao. Mes pas dans l'univers de Bob Morane, des contes et légendes de la collection Roitelet/Durandal, de Paul d'Ivoi, de la comtesse de Ségur alias Rostopchine égérie du martinet et de la privation de dessert. Tout Cronin et tout Verne suffisaient à peine à ma boulimie de lectures, procurant une euphorie mêlant la fiction, la géographie, la soif d'apprendre et le parfum entêtant des lilas sous lesquels je trouvais refuge. La lecture ouvre l'aventure aux moins audacieux, dont je faisais partie, et m'est demeurée une compagne fidèle.  



Lu dans:
Michel Field, interrogé par Jean-Claude Vantroyen. Faut-il se débarrasser de sa bibliothèque? Le Soir. Les livres. 15-16 mars 2014. p. 37
Michel Field. Le soldeur. Julliard. 2014. 350 pages

29 mars 2014

Sagesse des bibliothèques

"Une bibliothèque, c'est aussi des couleurs. Depuis l'enfance où la tranche rose du Club des cinq ou du Clan des sept, et la tranche verte d'Alice, d'Alice détective et des aventures de Michel ou des Six Compagnons, semblaient former deux bandes rivales qui auraient choisi chacune leur totem. Et que dire du rouge flamboyant, aux dessins bleu et or, de l'intégrale Hetzel de Jules Verne qu'il avait expressément commandée pour l'anniversaire de ses dix ou onze ans et qui, depuis plusieurs décennies maintenant, voisinait avec une autre intégrale, celle-ci bleu et or et aux volumes plus petits des éditions Rencontre Lausanne? Et du rouge carmin des œuvres de la comtesse de Ségur (initiation aux raffinements adultes de l'éducation anglaise ?) qui figuraient en bonne place dans la bibliothèque de sa grand-mère, et sur lesquelles il se précipitait, chaque été, dès le premier jour de vacances où il les retrouvait dans son village natal ?
Comment évoquer la légendaire «Petite Collection Maspero» où quelques générations avaient appris le b.a-ba de la Révolution, sans rappeler ce singulier feu d'artifices (à tous les sens du terme, il le savait aujourd'hui) qu'elle offrait à elle seule; le saisissant contraste entre la gaieté des couvertures multicolores, du rouge vif, évidemment, au vert profond en passant par l'orangé et toutes les nuances du bleu, marine, mer du Sud, turquoise - et l'austérité, la violence, la révolte des pages qu'elles recelaient."
            Michel Field.



Lu dans:
Michel Field. Le soldeur. Julliard. 2014. 350 pages. Extrait p.89  

28 mars 2014

Masques

"Un jour par an, le Mardi gras par exemple, les hommes devraient retirer leur masque des autres jours."
Claude Aveline 

26 mars 2014

El Camino de vida

"Qu'est-ce que la science, si ce n'est un long processus d'erreurs rectifiées?".
 Gaston Bachelard

L'assertion confortera sans doute les bonnets d'âne assis au fond des classes, et nous tous peut-être. Ce qui vaut pour la science ne s'appliquerait-il pas aussi à l'existence humaine, longue succession d'échecs, de réussites, de demi-vérités et de doutes, laissant une impression de chaos qui ne se dissipe que lorsqu'on se retourne sur le long chemin parcouru. Route incertaine sur laquelle, pareils aux marcheurs d'Emmaüs, ce qui nous sépare, nous distrait de la rencontre de l'autre et paraît nous en éloigner - malentendus, rendez-vous manqués, promesses non-tenues - se révèle parfois au bout de compte ce qui nous rapproche. 



Lu dans:
Michel Field. Le soldeur. Julliard. 2014. 350 pages. Rxtrait p.55 

25 mars 2014

Je t'haine moi non plus

« Maintenant tu peux la rendre. »

La petite phrase, révélatrice, a échappé à ce garçon de 3 ans après avoir jeté un coup d’œil rapide à sa petite sœur, une heure à peine après sa naissance. Préparé de longue date à la venue du bébé par une mère attentive, il résume mieux que de longs articles la crainte atavique d'être supplanté. La jalousie appartient au patrimoine commun de l'humanité, et au mien sans aucun doute.  
 

 
Lu dans:
Béatrice Copper-Royer. De l’enfance à l’âge adulte, la jalousie nous gâche la vie. Blog. La famille sens dessus dessous. 22 mars 2014. http://famille.blog.lemonde.fr/2014/03/22/de-lenfance-a-lage-adulte-la-jalousie-nous-gache-la-vie/

24 mars 2014

La musique en bandoulière


 « Vous n’apprenez rien
vous ne transmettez rien     couvant la haine
mes frères             pourquoi cette mésentente
dans ce désert aride         jonché d’arbres morts ? »
        Tinariwen (Koud Edhaz Emin)


Fusil-mitrailleur en bandoulière, ils ont participé à la rébellion touarègue du début des années 1990. Depuis lors, leur poésie a remplacé les cartouchières, dont elle conserve l'âpre saveur. Tinariwen (« les déserts », dans la langue berbère tamachek) n’a pas pu composer son nouvel album comme le précédent, en bivouaquant sur le sable au sud de l’Algérie. Le risque était bien réel de croiser la route de milices armées proscrivant toute forme de musique non religieuse au nom de la charia. Tinariwen a trouvé refuge de l’autre côté de l’océan, dans le désert mohave qui s’étire de la Californie au Nevada. Ponctué de collaborations avec des musiciens américains — Saul Williams, Matt Sweeney, le guitariste de Johnny Cash et de Cat Power, etc. —, ce disque se révèle l’une de leurs plus belles étapes. 


Lu dans:
David Commeillas. Mais le désert chante encore. Le Monde diplomatique. mars 2014. p.24
CD. Tinariwen. Emmaar. Prod. Wedge. Anti-Pias, Los Angeles - Londres. 2014

Aimer

"C'est peut-être cela aimer: attendre"
Pascal Quignard (1948 -      )

23 mars 2014

Bord de mère

"Me(è)r(e) agitée à très agitée."
Déjà c'est un beau titre. Avec une ambiguïté sur le mot mère comme le fait dire avec humour Sophie Bassignanc à son héroïne, maman fatiguée découvrant à la capitainerie d'un port breton l’avis météo: mer agitée à très agitée, "c'est exactement ainsi que je me sens". Elle n'est pas la seule d'ailleurs, à écouter les récits quotidiens de nos jeunes et moins jeunes mamans confrontées aux réalités de l'existence quotidienne, entre mari bougon et enfants problématiques, boulot intrusif et pépins de santé inattendus. Un temps à ne pas mettre un voilier à flot, et pourtant chaque matin il convient d'être souriante.

Lu dans: 
Sophie Bassignac. Mer agitée à très agitée. JC Lattès. 2014. 250 pages

20 mars 2014

Au printemps

Le soleil armé     d'un pinceau vert
    a tout repeint
les guinguettes ont rouvert leurs volets
l'accordéon apprend des couplets
ils vont ressusciter les dimanches
les oiseaux sont revenus de loin

un nouveau printemps     tout neuf
un nouveau ciel clair     tout bleu
le soleil a décrété
que c'est dimanche
tous les jours de la semaine
        Gilbert Bécaud. 

Brouhaha et grandes oreilles

"La NSA, avec son programme Mystic, est capable d'écouter un pays entier.
On imagine à peine les résultats, à voir ce qu'en France on obtient rien qu'en écoutant quelques habitants de la Sarkozie."
    Hervé Le Tellier.    Papier de verre    

18 mars 2014

La face de l'ombre

(..) c'est dans le jour qu'il apparaît
dans le jour le plus blanc    l'oiseau
il bat de l'aile     il s'envole
il bat de l'aile     il s'efface
Il bat de l'aile     il réapparaît
(..) je demeure sur place     contemplant
fasciné par son apparition
fasciné par sa disparition.
    Henri MICHAUX

Apparition, disparition, jeu d'ombre et de lumière comme dans la quête symbolique de Peter Schlemihl, qui a cédé son ombre contre une manne d'argent, pensant qu'il ne s'agissait que d'un détail. L'absence de cette projection familière de sa propre image ne lui attire bientôt que des déconvenues et Schlemihl partira courir le monde pour retrouver l'homme avec qui il a noué cet étrange troc. On a tous notre part d'ombre et de lumière, appréciant cette dernière si valorisante, dépréciant et dissimulant notre face cachée alors que s'y niche la moitié de nous-même, peut-être la plus authentique. 



Lu dans:
Henri MICHAUX. L'oiseau qui s'efface.
Vandermeulen et Casanave. Chamisso. L'homme qui a perdu son ombre. Le Lombard. 243 pp.  

Lire sa vie

"La plus belle des bibliothèques serait celle de l'ordre de l'apparition des livres dans notre vie. Cela ferait de la bibliothèque le miroir de notre existence."
 
Lu dans :
Michel Field, interrogé par Jean-Claude Vantroyen. Faut-il se débarrasser de sa bibliothèque? Le Soir. Les livres. 15-16 mars 2014. p. 37

16 mars 2014

La fête au français sur les murs de Charleroi

"De voir
ce matin dans ma rue
un enfant sautillant
m'a donné envie de chanter."
     Sagesse murale, Charleroi

14 mars 2014

Somptueux déchets

"Une fois vaincue
la peur de la pauvreté
le monde est à moi."
    Alejandro Jodorowsky

Les jeunes musiciens de l'Orchestre symphonique de Cateura, au Paraguay, jouent du Mozart avec des instruments confectionnés à partir de détritus extirpés d'une décharge et feront la première partie de Metallica, en tournée en Amérique du Sud. Tous natifs du faubourg miséreux de Cateura, qui abrite la principale décharge d'Asuncion, leur répertoire ne se limite pas à Mozart, Vivaldi ou Beethoven mais s'étend aussi aux Beatles, Franck Sinatra ou Edith Piaf et au patrimoine musical des pays hôtes. Ces enfants ont grandi sur les montagnes d'ordures de la décharge, où Favio Chavez, assistant social chargé de mener un projet axé sur le recyclage s'est mué en chef d'orchestre avec l'aide technique d'amis musiciens et luthiers. Avant d'apprendre à en jouer, ils fabriquent eux-mêmes guitares, violoncelles et saxophones avec des morceaux de bois et des restes de bidons d'huile ou de boîtes de conserve. Instruments qui ne se volent ni ne se vendent, sans autre valeur marchande que celle des détritus qui les composent. Et pourtant..



Une grande figure

"Celui qui parle sème
qui écoute récolte."
    proverbe sénégalais

Découvert hier soir l'étonnant Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal et actuel Secrétaire Général de la Francophonie. Confronté à 200 étudiants venus de partout, cette grande figure de l'histoire africaine nous a conquis par sa vision du monde actuel et son humour.

13 mars 2014

L'homme à l'harmonica


"Refuser l'apparente abondance du ciel (..)
 la liberté de fouler l'horizon
n'aller que jusqu'au bout de soi."
    Robert Mallet

L'enchanteur Toots Tielemans range son harmonica, à 92 ans nul ne le lui reprochera. Jouer pour soi, peinard, dans son jardin quand on joue aussi bien peut rester agréable. 

12 mars 2014

Eduquer

"Eduquer, ce n'est pas remplir des vases, mais c'est allumer des feux."
Montaigne


10 mars 2014

Sagesse de déchetterie

 "Le déchet n'existe pas."
Ecriteau, centre de tri d'Anderlecht

Lapidaire, la formule accueille une foule hétéroclite de videurs de greniers, de rénovateurs de maison, de jardiniers du dimanche qui viennent recycler du vert, du verre, du fer, du bois vermoulu et du sale allant du vieil électroménager aux huiles de friture. Je rêve de la voir fleurir au fronton de nos écoles, de nos maisons de repos, de nos prisons: déchet, mon frère. Devise pour devise, je la préfère à bien d'autres qui ont fait leur temps et ne convainquent plus personne.

Le bleuet et le coquelicot

"In Flanders fields the poppies blow
Between the crosses row on row,
That mark our place; and in the sky
The larks, still bravely singing, fly
Scarce heard amid the guns below.
We are the dead. Short days ago
We lived, felt dawn, saw sunset glow,
Loved and were loved and now we lie
In Flanders fields (..)"
        Lieutenant-Colonel John McCrae

"Dans les champs de Flandre     des coquelicots
    entre les croix alignées   où nous gisons
    dans le ciel     le vol d'une alouette
    au chant à peine audible      loin au-dessus des tirs
Nous sommes morts      hier encore vivants
hier en vie   de l'aube au soleil couchant
nous aimions     étions aimés     maintenant pour toujours allongés
dans les champs de Flandre (..)"

Qui étais-tu donc, grand-père que jamais je ne connus, Poilu revenu malade des tranchées et mort avant l'âge. On peut dire que je ne me suis jamais beaucoup soucié de te connaître, les 14-18 étaient des vieux et j'étais jeune. Ce soir, par la magie d'un documentaire, leurs visages poupins apparaissent plus jeunes que ceux de mes propres enfants. Qui aurions-nous été à leur place, quels choix aurions posés? Puissent nos petits-enfants être épargnés de ces dilemmes.

Lu dans:

  • "Au champ d'honneur" est la version française du poème "In Flanders Fields", écrit le 3 mai 1915 après la deuxième bataille d'Ypres, le long du canal de Dixmude, par le lieutenant-colonel John McCrae (Canadian Expeditionary Force). Il était médecin, poète, mort à Boulogne-sur-mer le 28 janvier 18. Ce poème, et le coquelicot, ont pris valeur emblématique au Canada dans l'évocation de la Grande Guerre. 
  • Apocaplypse 14-18, la 1ère Guerre mondiale, documentaire de Daniel Costelle et Isabelle Clarke. Diffusé sur RTBF La Une ces 2, 9 et 16 mars 2014, il sera diffusé ensuite sur France 2. Cinq épisodes à partir de films d'archives subtilement colorisés, sonorisés et commentés par Mathieu Kassovitz.

09 mars 2014

A l'ami lointain

"J'aimerais être un arbre fruitier
Avec tout plein de fruits
Comme autant de gentillesses
Que des passants viendraient cueillir
Avec quelque tendresse
Comme des mûres pour le cœur."

Certains jours réservent de bonnes surprises. Telles ces lignes fruitières pleines de fraîcheur de mon frère Marc, ou ce petit message anonyme d'un lecteur du blog, possédant une petite crêperie campagnarde dans la région de Saint-Etienne en France. Il me signale reprendre chaque semaine sur une ardoise une citation, un poème, quelques mots d'"Entre café et journal" et m'en remercie. Imaginer qu'au fond de cette France , à laquelle nous sommes si attachés depuis 50 ans, ces quelques mots puissent réjouir les passants attablés en quête d'un peu de détente me comble. Cher Frédéric que je ne connais guère, ayez la gentillesse de me communiquer le nom et le lieu de votre guinguette de manière à ce qu'un jour peut-être l'un de nous puisse venir y déguster une de vos crêpes (carl.vanwelde@uclouvain.be) .

08 mars 2014

L'or et la vie


"Qui cherche l'or sème la mort."
        Porfirio MAMANI MACEDO.

On a évoqué la "malédiction des ressources" (Auty, 1993), cette concordance de la cartographie des conflits armés et des ressources naturelles d'une région, ainsi que la dégradation parfois irrémédiable de l'environnement que leur mise en valeur sauvage entraîne.  Un beau texte de Porfirio Mamani-Macedo résonne comme un avertissement "Parmi arbres et fleuves morts résonne/ humiliée / la voix du paysan / de l’homme qui a vécu / oublié parmi branches et fleuves." Les récentes avancées en ce domaine, liant l'attribution de financements des projets de développement à une étude préalable de leur impact environnemental (merci Benoît pour tes patientes et incessantes explications dans ce domaine) nourrissent un optimisme raisonnable sur une prise de conscience durable. Par ailleurs, les ressources naturelles jouent aussi un rôle crucial dans les processus de paix, susceptibles de les retarder comme elles peuvent les consolider. La réforme du secteur forestier au Libéria est par exemple souvent citée comme composante fondamentale d’un processus réussi de construction de la paix, tout comme l'équilibre des enjeux économiques qui nous a préservés de nouveaux conflits mondiaux depuis une soixantaine d'années. Quel poète réécrira un jour "partager l'or sème la vie"?


Lu dans:
Porfirio MAMANI MACEDO. L'or noir. http://www.recoursaupoeme.fr/porfirio-mamani-macedo/l'or-noir
Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité (GRIP). Ressources naturelles, conflits et construction de la paix en Afrique de l’Ouest. Juillet 2012.

07 mars 2014

L'homme immortel


"... car tu es lumière et retourneras à la lumière"
Genèse 3:1-20

Des chercheurs auraient élaboré - combinant cinq marqueurs biologiques - un test prédictif d'une mort prochaine (JT La Une 19h30, 6.3.14). L'antique certitude ("nous sommes mortels") débouchait sur un espoir : issus de la lourde glèbe nous retournerons à la poussière lumineuse qui danse dans les rayons solaires (voir la traduction de la Genèse par Paul Nothomb). L'actuelle prédiction ("votre mort est proche, nos éprouvettes le révèlent") crée notre déroute: comment l'éviter? On a les progrès qu'on mérite. 

Lu dans:
Paul Nothomb. L'homme immortel. Albin Michel. 1984

06 mars 2014

Prendre soin


Je serai partout où vous voulez me voir
Dans le sourire d’un autre
    dans l’éclat d’un miroir,
    une pluie d’automne
    une nuit d’été
    partout où votre cœur voudra m’imaginer (..)
    ce petit souvenir   ce léger abandon
    à la fraîcheur du soir   ce surprenant frisson
Je vous regarderai rire et vivre sans moi
et suivrai d’un œil tendre le moindre de vos pas
je vivrai encore   ne pleurez pas
et ne dites à personne que j’ai besoin de vous
                                                 Alain Emery

Revu hier le film Amour avec une dizaine d'étudiants en médecine, dans un silence impressionnant témoin de l'émotion partagée. "Soigner" c'est "prendre soin" conclura sobrement l'une d'elles. On sort rassuré de pareille rencontre. 


04 mars 2014

Brève de comptoir


"Fidèle à soi-même, c'est fidèle à son futur, non à son passé. "
        Georges Perros. Papiers collés 1.

Une fraction de seconde m'est venue l'idée saugrenue de devenir demain patron de troquet, attentif aux chagrins des hommes, sans rien à prescrire ni à certifier, leur soufflant entre deux cafés crèmes et une goutte que le meilleur est devant eux, que le passé s'enterre et que ceux qu'on regarde sans les aimer sont déjà morts. 


La transmission du sens


"La culture n'est pas la conservation des cendres mais l'entretien du feu."
Gustave Mahler

Ceux qui ont eu la chance de voir les deux premiers épisodes d'Apocalypse 14-18 ce dimanche soir sur la Une seront de cet avis.

03 mars 2014

(In)signifiance


"Nous sommes des créatures insignifiantes sur une planète mineure d'une étoile très moyenne dans la grande banlieue de l'une des cent mille millions de galaxies."
Stephen Hawking

Dans l'espace, nous sommes peu de chose. Dans le temps encore moins si on escompte que l'univers existe depuis 15 milliards d'années, la Terre 4,6 milliards, les premiers organismes multicellulaires 1,3 milliard d'années, les mammifères 50 millions et l'homo sapiens 200.000 ans. Notre vie n'est qu'une étincelle de l'histoire du monde, partagée avec 7 milliards d'autres que nous. Pas de quoi se gonfler la tête. A moins que... N'aurions-nous qu'un conjoint fidèle, un enfant, un vieux parent, un chien, une rose, pour lui (elle) peut-être sommes-nous unique, et essentiel. Tout cela est bien étrange.


Lu dans:
Kitty Ferguson. L'incroyable Stephen Hawking. Flammarion. 2012. 460 pages. Extrait p.123
Hawking Gets Personal. Time. 27 septembre 1993. Extrait p.80

01 mars 2014

Destination inconnue


Un jour, après une déception amoureuse
 au lieu d'étaler ma peine
    j'ai écrit une lettre d'amour     à mon attention
et je me la suis envoyée par la poste. (..)
mon moral était si bas
mon amour-propre à ce point piétiné
je devais m'offrir ce cadeau ...
Je n'ai pas lésiné sur les propos :
    la lettre d'amour que toute femme rêve de recevoir
    et ne reçoit jamais.

Je dis bien jamais.
C'est une malédiction, car je suis sûre d'avoir écrit correctement mon adresse. "
        Ecrire.

Un bien beau texte, et une chute surprenante. Qu'il vous accompagne pour un bon dimanche.
CV 

Lu dans:
Pilar Pujadas, illustrations Mélanie Rutten. Soit dit entre nous J'aime trop l'amour. Le Castor Astral - Escales des Lettres. 2014. 91 pages. Extrait p. 29.