21 septembre 2013

des limites


"Peut-être que deux ou trois feuilles valent mieux que mille: il suffit parfois d'en connaître une pour savoir toutes les autres. Une seule fleur d'abricot nous permet de ressentir le printemps: il n'est pas nécessaire d'attendre que tout l'arbre soit en fleurs. "
Sagesse Zen

Ils ont six ans, ou douze, ou vingt et toutes les connaissances du monde dans les mains, au bout de leurs doigts. Michel Serres leur a donné un joli nom : les petites poucettes. Plus vieux, ils connaîtront la griserie de tous les avoirs possibles en ligne: achat en un clic à la mode Amazon.com, lastminute, toute la musique du monde, les meilleurs films, le dernier prix de l'or ou des placements de céréales. Une frénésie de l'illimité nous a saisis, Adam redevient Dieu. Le soir est tombé. Seul dans mon bureau faiblement éclairé et silencieux je prête l'oreille à la musique ténue d'Epicure qui souffle que l'homme qui ne sait se contenter de peu ne sera jamais heureux de rien. Ou plus récemment, d'André Gorz: « Il faut accepter d'être fini: d'être ici et nulle part ailleurs, de faire ça et pas autre chose, maintenant et non jamais ou toujours [ ... ] d'avoir cette vie seulement. » Et si le défi de demain était le réapprentissage de l'autolimitation? 


Lu dans :
André Gorz. Lettre à D. Histoire d'un amour. Galilée. 2006. 77 pages. Extrait p.48 (se citant lui-même, autoexhortation terminant son livre Le Vieillissement

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