13 avril 2012

Ce que cache le prix

"[Les frères Goncourt:] je n'avais pas eu tort de me méfier, de me tenir à l'écart de ces frères-là. Que de fiel, que d'aigreur, que de haine! Réactionnaires - tout va de mal en pis depuis 1789, cette révolution faite par « des gens qui puent des pieds» -, misogynes, avides de potins qu'ils consignent jour après jour, ils s'en prennent pêle-mêle aux Juifs, aux normaliens, aux critiques, à l'Académie française. Et, avec ça, souvent vulgaires, grossiers. Leurs livres se vendaient mal et ils rêvaient de gloire; pour un peu, ils se seraient pris pour des écrivains méconnus, pourquoi pas pour des maudits. Je me dis que, décidément, je n'ai que faire de ces horribles personnages."
J.-B. Pontalis

Dans leur affection mutuelle, étrange cas de «gémellité littéraire», les deux frères, d'une sensibilité presque maladive, avaient forgé un prénom collectif: Juledmond. Ils créent le célèbre prix et l'académie qui porte leur nom, célébrant annuellement ce que la littérature voudrait avoir de meilleur. Il est amusant de se dire que la fierté de porter pareil titre accable leurs auteurs d'un patronyme pas aussi glorieux qu'on l'imagine. 
 
Je vous souhaite un excellent vendredi 13.
CV.
 
Lu dans :
J.-B. Pontalis. Frère du précédent. Gallimard. NRF. 2006. 203 pages. Extrait p.70

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