27 avril 2011

Chercheurs d'or

«Mon père était un chercheur d'or, l'ennui c'est qu'il en a trouvé».
Jacques Brel. Chanson "L'enfance".
Cruel vis-à-vis de son père, le grand Jacques, car lui-même publiera en une dizaine d'années un des plus riches répertoires de la chanson française qu'il quittera en pleine gloire. L'or, il l'aura connu et bien davantage que son géniteur. On ne peut en dire autant de Vincent Van Gogh qui en dix ans lui aussi (curieuse similitude, de même que leur disparition prématurée) peint quelques 2000 toiles et dessins, dont la plupart durant les dernières semaines de sa vie chez le Dr Gachet à Auvers-sur-Oise. Oeuvre majeure, dont il ne vendra de son vivant que ... trois toiles. 120.000 personnes se presseront en 1930 (40 ans après sa mort) pour les admirer à une exposition du Museum of Modern Art à New York. La reconnaissance peut être posthume.


25 avril 2011

Ombres et lumières

Sur la route

Dans le vide
qui vient à notre rencontre
quelques strates d'ombre
Elles murmurent
dans la lumière prisonnière
que le vide n'est pas vide
ni lumière la lumière
P. Mathy
Lu dans :
Philippe Mathy. Un automne au creux des bras. L'herbe qui tremble. 2009. 105 pages. Extrait page 39.

Un souffle passe

"Entre la foi et l'incrédulité, un souffle,
Entre la certitude et le doute, un souffle.
Sois joyeux dans ce souffle présent où tu vis,
Car la vie elle-même est dans le souffle qui passe. "

Omar Khayyam

24 avril 2011

La vie la première

«Si la vie n'était pas
La seule la première
A quoi bon la rosée
Sur le front du matin. »
René-Guy Cadou
On imagine les femmes, les deux Marie, et Salomé, sur la route du tombeau dès le lever du jour face au soleil, dans cette lointaine Palestine, occupée. Peur et tristesse, et pourtant que de lumière dans ce récit fondateur de l'évangile de Marc. La phrase de René-Guy Cadou aurait pu s'y glisser en catimini sans en trahir l'esprit. La clarté des petits matins et les textes se donnent la main de siècle en siècle. Demain s'annonce comme un jour de beauté, le moment paraît propice pour ranger l'esprit grognon.

Bonne fête de Pâques.

Lu dans:
René Guy Cadou. La vie rêvée. Ed. Robert Laffont 1944.
Christophe Barbier. Les derniers jours de François Mitterrand. Grasset. 2011. 428 pages. Extrait page 287.

23 avril 2011

L'exode

«O mort parle plus bas, on pourra nous entendre
Approche-toi encore et parle avec les doigts ... »
René-Guy Cadou


La liturgie des grandes fêtes religieuses a déserté nos existences, leur parfum reste, souvenir entêtant des années d'enfance quand - entre le Vendredi Saint et la fête de Pâques- le samedi déroulait un temps de réflexion empreint de vacuité: la mort avait fait son oeuvre "and so what"... Les cloches de nos églises arrêtaient de sonner, ce n'était plus le jeûne mais pas encore la fête, on se tenait comme tapi dans une incertitude existentielle qui peu à peu façonnait notre être. On apprenait, tout enfant, que l'existence était - ou serait - faite de bonheurs mais aussi de périodes où "de la douleur, mon Dieu, j'en eus toujours assez/Mon ombre fut mon seul compagnon de voyage» comme l'écrit Cadou dans La Vie rêvée. La fête de Pâques suivait l'exode dans l'écriture sainte, raison sans doute pour laquelle on a repris l'expression nomade de l'"exode sur l'autoroute de la mer" pour baptiser la première grande transhumance des périodes ensoleillées. On vous la souhaite empreinte d'un souvenir de cloches carillonnantes.

Lu dans :
René Guy Cadou. La vie rêvée. Ed. Robert Laffont 1944.

21 avril 2011

Tu ne m'aurais créé si tu ne m'avais connu

"J'ai vu un ange dans le marbre
et j'ai seulement ciselé jusqu'à l'en libérer."
Michel-Ange

Vacance de l'esprit

"Etre en vacances c'est n'avoir rien à faire et avoir toute la journée pour le faire. "
Robert Orben


19 avril 2011

Ma patrie belle et perdue


Le 12 mars 2011, l’Italie fêtait le 150ème anniversaire de sa création et à cette occasion fut donnée, à l’opéra de Rome, une représentation de l’opéra le plus symbolique de cette unification : Nabucco de Giuseppe Verdi, dirigé par Riccardo Muti, œuvre autant musicale que politique.

Repris par le Times, Riccardo Muti, le chef d'orchestre, raconte ce qui fut une véritable soirée de révolution : « Au tout début, il y a eu une grande ovation dans le public. Puis nous avons commencé l’opéra. Il se déroula très bien, mais lorsque nous en sommes arrivés au fameux chant Va Pensiero, j’ai immédiatement senti que l’atmosphère devenait tendue dans le public. Il y a des choses que vous ne pouvez pas décrire, mais que vous sentez. Auparavant, c’est le silence du public qui régnait. Mais au moment où les gens ont réalisé que le Va Pensiero allait démarrer, le silence s’est rempli d’une véritable ferveur. On pouvait sentir la réaction viscérale du public à la lamentation des esclaves qui chantent : « Oh ma patrie, si belle et perdue ! ».

Bien qu’il l’eut déjà fait une seule fois à La Scala de Milan en 1986, Muti hésita à accorder le « bis » pour le Va pensiero. Pour lui, un opéra doit aller du début à la fin. Puis se tournant vers la salle:

"Je n'ai plus 30 ans et j'ai vécu ma vie, mais en tant qu'Italien qui a beaucoup parcouru le monde, j'ai honte de ce qui se passe dans mon pays. Donc j'acquiesce à votre demande de bis pour le "Va Pensiero" à nouveau. Ce n'est pas seulement pour la joie patriotique que je ressens, mais parce que ce soir, alors que je dirigeais le Choeur qui chantait "O mon pays, beau et perdu", j'ai pensé que si nous continuons ainsi, nous allons tuer la culture sur laquelle l'histoire de l'Italie est bâtie. Auquel cas, nous, notre patrie, serait vraiment "belle et perdue"."


Le bel aujourd'hui

"...prêt à participer à une manifestation pour l’augmentation du goût de la vie."
B. Pivot.
Perle qui se faufile dans la récente apologie des mots que publie Bernard Pivot, parmi lesquels celui qu’il tient pour le plus beau de la langue française : « Aujourd’hui », le plus présent, le plus vivant, un mot qui sent le café et le pain grillé du matin, celui dont Mallarmé n’eut aucune peine à nous convaincre qu’il est « le vierge, le vivace et le bel aujourd’hui ».


Lu dans :
Bernard Pivot. Les mots de ma vie. Albin Michel. 2011. 320 pages.

18 avril 2011

Les paroles essentielles

"Dans la bouche de l'ami la parole est un joyau."
Hâfez de Chiraz.
Moment paisible dans la journée, seul dans le bureau silencieux je feuillette quelques pages et me laisse imprégner par ces paroles venues du fond des temps. Confronté à la souffrance d'autrui, comment trouver les paroles essentielles?
Lu dans:
Hâfez de Chiraz. Le Divân. Verdier de Poche. Oeuvre lyrique d'un spirituel en Perse au 14e siècle. 2006. 1280 pages. Extrait page 1018, Ghazal 411.

16 avril 2011

Le temps partagé

"Je prends mon temps et je donne mon temps."
Sagesse d'enseignant(e) pré-retraitée
Merci à Nanou pour cette superbe incitation à se reconvertir après une carrière aussi pleine qu'heureuse.

15 avril 2011

Sagesse urbaine

"Chacun sa règle, et tout se dérègle."
Sagesse affichée sur les vitres des bus de la RATP, à Paris.

09 avril 2011

Sagesse de la simplicité volontaire

"Quelle merveille !
Je balaie la cour
et je vais chercher de l'eau au puits."
Vieux poème d'un moine chinois
Cité par la célèbre académicienne, le petit haïku participe à sa légende, comme en écho à cette description d'Archives du Nord où elle se décrit "Je pétris le pain, je balaie le seuil, après les nuits de grand vent je ramasse le bois mort". La description par Matthieu Galey de sa modeste maison La petite Plaisance sur l'île de Monts Déserts dans le Maine, "là [où on ne peut mener] qu'une existence volontairement réduite au luxe de l'essentiel; on dirait que la réflexion y va de soi, suivant le rythme qu'imposent la nature et les saisons", nous donne un désir de vacances, pour ceux qui ont la chance de pouvoir en prendre. On vous les souhaite bonnes.
CV.

Lu dans :
Marguerite Yourcenar. Les yeux ouverts. Le Livre de Poche 5577. Ed Le Centurion 1980. 317 pages. Extrait p.6 et p.284

Des chats et des amis

"Je pense à ce mot charmant, dans un livre de Montherlant. On s'étonne qu'une jeune fille n'ait pas donné de nom à son chat: "Comment faites-vous pour l'appeler? - Je ne l'appelle pas, il vient quand il veut." Ainsi les amis viennent souvent par le plus grand des hasards.
M. Yourcenar

Lu dans:
Marguerite Yourcenar. Les yeux ouverts. Le Livre de Poche 5577. Ed Le Centurion 1980. 317 pages. Extrait p.301

07 avril 2011

Quelle force, quelles faiblesses

"C'est une succession de moments de faiblesse,
mais au bout, quelle force."
Exergue du film Van Gogh, de Maurice Pialat

Un matin lumineux, où la nature vous veut du bien. Un patient métamorphosé a arrêté de boire depuis 37 jours. Peu de choses à l'échelle du monde sans doute, mais au plan individuel quel Everest !


Vu dans
Van Gogh, un film de Jacques Pialat, Gaumont, 1991.

La coque du vase

"Tout voyage se double d'une exploration intérieure. Il en est de ce que nous faisons et de ce que nous pensons comme de la courbe extérieure et de la courbe intérieure d'un vase: l'une modèle l'autre."
Marguerite Yourcenar.


Lu dans:
Marguerite Yourcenar. Les yeux ouverts. Le Livre de Poche 5577. Ed Le Centurion 1980. 317 pages. Extrait p.305.

06 avril 2011

Du désordre

"Pourquoi ajouter à l'encombrement du monde?"
M. Yourcenar

Lu dans:
Marguerite Yourcenar. Les yeux ouverts. Le Livre de Poche 5577. Ed Le Centurion 1980. 317 pages. Extrait p.133

05 avril 2011

Le pouvoir des paupières

"Quand j'ouvre les yeux
j'observe ma petitesse dans l'univers
Quand je les ferme
j'ai l'univers en moi."
Inayat Khan

03 avril 2011

Les non dits de Socrate

Pensons à Socrate , dont la légende nous dit qu'il murmurait, en lisant les premiers écrits de Platon "Que de choses ce jeune homme me fait dire."

Quelque chose demeure , pourtant ... L'innocente notation qu'en fait Marguerite Yourcenar m'a fait sourire.

Je vous souhaite un bon dimanche
CV.

Lu dans:
Marguerite Yourcenar. Les yeux ouverts. Le Livre de Poche 5577. Ed Le Centurion 1980. 317 pages. Extrait p.241.

01 avril 2011

Champagne à l'eau

Aujourd'hui, champagne dans l'eau de l'aquarium de la salle d'attente. Et ça marche, les poissons ont l'air drôle.