29 août 2009

ombres dans la rue

"Qu'est-ce qu'une ombre
Une silhouette qui t'accompagne dans la rue
ou un corps qui te cherche quand tu es déjà parti ? "
Homero Aridjis

Lu dans
Les poèmes solaires. Homero Aridjis. Mercure de France. 2008. 182 pages. extrait p.  157 
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28 août 2009

Comme l'ombre et le vent

"Toutes ces choses sont passées comme l'ombre et comme le vent."
Victor Hugo. Les contemplations.

Lu dans.
François Bayrou. Abus de pouvoir. Plon. 2009. 252 p. extrait page 23. 

26 août 2009

chic un cul

"Je suis à un tournant de ma carrière".
Geluck


Décidément , le réverbère inspire et se voit chargé de tout un imaginaire folklorique, lié aux chiens de rue le plus souvent. J'ai souri en lisant vos messages décrivant ce cartoon de Geluck où l'on voit le chat s'affairer à tourner énergiquement en rond autour d'un réverbère et déclarer: "Je suis à un tournant de ma carrière", et encore cette délicieuse petite histoire de basset tournant lui aussi autour d'un réverbère: 
"il trouve un cul
il dit :chic un  cul
snif , merde c'est le mien.."

Très allégorique tout cela, car souvent avouons-le, nous sommes comme ce chat ou ce basset, inconscients du ridicule de nos grandes décisions, découvertes et enthousiasmes, immenses à notre petite échelle, minuscules à l'échelle de la planète.

25 août 2009

Y voir clair

"Une nuit. Un homme, seul, tourne autour d'un réverbère. Un autre s'approche: " Vous avez perdu quelque chose? » - " Oui, répond le premier, mes clefs. » Et ils cherchent ensemble. Au bout d'un moment, le second: « Vos clefs, vous êtes sûr de les avoir perdues ici ? - « Non, là-bas, mais là-bas on n'y voit rien. »
Norbert Bensaïd

Le célèbre médecin, psychiatre et écrivain français nous réenchante encore par son sens de la formule. Décédé en 94, il fut à l'origine du célèbre «A vouloir supprimer tous les risques, c'est la vie elle-même qu'on réduit à rien.» (in "La Lumière médicale") . J'y repensais à l'écoute du Journal télévisé de France 2 narrant l'infortune de ce conducteur verbalisé pour avoir fumé au volant.  Bigre, on a tué le péché mais par quoi l'a-t-on donc remplacé. 
 
 
Lu dans
Norbert Bensaïd. La consultation. Médiations. Denoël Gonthier. Mercure de France 1974. 308 pages. extrait p.7

Une passion pour l'inutile

"La jeunesse, dit l'homme, c'est la joie. Et la jeunesse, ce n'est ni la force, ni la souplesse , ni même la jeunesse comme tu disais: c'est la passion pour l'inutile."
Jean Giono

Lu dans
Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset 1935. Le Livre de Poche 493-494. 504 p. extrait p.39
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24 août 2009

La bâtisse d'ombre seule compte

"En bas, Marthe alluma l'âtre avec le bois préparé. L'eau du chaudron commença à chanter. Le café était moulu, la. débéloire prête sur la table. Marthe v:ersa le café sec sur la passoire. Ça sentait déjà fort. Le feu, le chant de l'eau, l'odeur du café étaient une maison beaucoup plus solide que la ferme. On pouvait s'abriter là-dedans beaucoup mieux que dans toutes les constructions de pierre. C'était souverain contre le vent d'est. Marthe versa doucement l'eau bouillante. Le café se mit à passer. Il clapotait dans le bas de la débéloire, goutte par goutte. Ça donnait envie de s'asseoir près du feu, la tasse chaude.dans la main et de boire par petites lappées."
Jean Giono.

L'image de ce café chaud plus solide que la ferme elle-même est poursuivie de superbe manière : "On a l'impression qu'au fond les hommes ne savent pas très exactement ce qu'ils font. Ils bâtissent avec des pierres et ils ne voient pas que chacun de leurs gestes pour poser la pierre dans le mortier est accompagné d'une ombre de geste qui pose une ombre de pierre dans une ombre de mortier. Et c'est la bâtisse d'ombre qui compte."



Lu dans
Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset 1935. Le Livre de Poche 493-494. 504 p. extrait p.27

23 août 2009

La dernière goutte

"Montaigne décrit la vie à partir de la vieillesse et comme une transition graduelle, « conduits par sa main, d'une douce pente et comme insensible, peu à peu, de degré en degré, elle nous roule dans ce misérable état et nous y apprivoise; si bien que nous ne sentons aucune secousse, quand la jeunesse meurt en nous .. ». Le passage est même plus rude de la jeunesse à la vieillesse, nous dit Montaigne, que de la vieillesse à la mort: il est plus « lourd» d'un être doux et fleurissant à un être pénible et douloureux» que «du mal être au non être ».

cité par François Jullien


Les dernières lignes de l'opus de François Jullien m'habitent, opposant les transformations silencieuses à l'événementiel qui fait notre vie quotidienne. L'acutalité d'un monde qui se transforme de manière sûre, constante et invisible face aux actualités se bousculant pour nous distraire de notre ennui , accumulant les petites phrases de nos hommes politiques et décideurs, l'annonce du décès de tel chanteur où la satisfaction devant le ministre d'une claque de fausses ménagères se réjouissant que le panier de la rentée soit moins cher.  

Ce dimanche nous offre un soleil éclatant, noces de l'été qui lance son bouquet final comme un superbe feu d'artifice. Je finis une longue tournée de patients hospitalisés vers 12h30, la tête pleine de questions: que ressent-on dans son lit d'hôpital quand on demande un peu d'eau fraîche avec une paille, puis un petit bonbon, petits bonheurs infmes qui parviennent à ramener le sourire sur un visage?  Les hasards (?) de l'existence me font relire durant la sieste ce passage de Giono, qui me soufflent comme une réponse à l'oreille. "Dans la montagne, un jour, je suis arrivé près de la maison où je suis né, je suis entré chez un de mes amis. Il était vieux, paralysé dans son lit, nourri de lait, incapable de bouger. Soigné par sa fille. Seule. J'entre. Je le vois, je reste un moment, je me dis: « Il serait mieux mort." (..) Sa fille était là. A un moment il nous  regarda. Il essaya. Il fit bouger son œil. Un signe. Alors je la vis. Elle alla chercher la pipe. Elle la bourra de tabac. Elle l'alluma, la mettant à sa bouche à elle et tirant. Une fois bien allumée elle la lui donna. Il se mit à pomper tout doucement. Il ferma les yeux. Sa fille me dit:  « Viens, sortons. Ça, il l'aime." (..) Une seule joie, et le monde vaut encore la peine. Les joies du monde sont notre seule nourriture. La dernière goutte nous fait encore vivre. Le monde est une nourriture."

Le mystère de la dernière goutte de vie, voilà une petite réflexion qui peut nourrir une semaine, non?

 Lu dans:
  • François Jullien. Les transformations silencieuses. Grasset. 2009. 110 pages. extrait p.35 et 36
  • Montaigne. Essais. I. 20. éd. par Jean Plattard, coll. Les textes français.  p.123  
  • Zuanghzi. "Da Zong Shi". Guo. p.142
  • Jean Giono. Que ma joie demeure. Grasset 1935. Le Livre de Poche 493-494. 504 p. extraits p.16 et 266

21 août 2009

Certitudes imaginaires

"[Une vieille histoire juive] celle de ce père athée qui, soucieux de donner à son fils la meilleure instruction possible, l'envoie à l'école des jésuites; l'enfant doit, malgré ses origines, assister au cours de catéchisme, où on lui enseigne le dogme catholique de la Trinité; de retour chez lui, il demande à son père s'il est vrai qu'il y a « trois dieux». L'autre fronce les sourcils: « Ecoute-moi bien, mon fils ! Il n'y a qu'un seul Dieu, et nous n'y croyons pas! »
Amin Maalouf  
Lu dans 
Amin Maalouf. Le dérèglement du monde. Grasset.  2009. 316 pages. Extrait page 217. 

19 août 2009

Les rêves illusoires

"Man has survived hitherto
because he was too ignorant to know
how to realize his wishes.
Now that he can realize them,
he must either change them
or perish ."
William Carlos Williams (1883-1963)
 
"L'homme a survécu jusqu'ici
parce qu'il était trop ignorant
pour pouvoir réaliser ses désirs.
Maintenant qu'il peut les réaliser,
il doit les changer, ou périr."

Le moment paraît venu de reprendre de bonnes habitudes, triant parmi ce qui fut lu, annoté, médité durant les vacances ce qui paraît digne d'être partagé. On débutera donc par l'exergue du beau livre "Le dérèglement du monde" d'Amin Maalouf, tout un programme. 


Lu dans
Amin Maalouf. Le dérèglement du monde. Grasset.  2009. 316 pages. Extrait page 9.