17 avril 2009

Le gazouillis et l'épouillage

«Qui a fait quoi ?», « avec qui?»
Connaissez-vous Twitter et les tweets (gazouillis en anglais), ces messages courts, d'une longueur maximale de 140 caractères, circulant en permanence sur un outil de réseau social (Twitter) qui permet à l'utilisateur de signaler à son réseau "ce qu'il est en train de faire". Il est possible d'envoyer et de recevoir ces messages par Internet, par messagerie instantanée ou par messagerie numérique. Leur succès répond à l'ancestral besoin humain du commérage. Dans son livre Grooming, Gossip and the Evolution of Language ((Épouillage, bavardage et évolution du langage»), Robin Dunbar - professeur de psychologie à l'Université de Liverpool - montre que la population moyenne consacre environ deux tiers de ses conversations aux cancans. Le psychologue évoque « les rythmes naturels de la vie sociale ». Il compare les séances de commérages chez les humains à celles de l'épouillage chez les primates, pendant lesquelles les singes passent des heures à nettoyer la fourrure de leurs congénères. Chez les grands singes qui vivent en groupe, le but de ces échanges est de souder la communauté. Dunbar suggère que les humains, en évoluant, ont privilégié le langage à l'épouillage parce qu'il prenait moins de temps et permettait à l'individu de faire plusieurs choses à la fois. De nombreuses recherches vont dans le sens du commérage comme activité essentiellement positive et créant du lien: une étude a montré que, lorsque des individus s'adonnent aux ragots, seulement 5 % du contenu de leur conversation implique des jugements et des critiques négatives. Dans la majeure partie du temps, on s'interroge sur « qui a fait quoi ?», « avec qui?» et l'on partage des expériences sociales personnelles. Une autre recherche a découvert que seulement dix minutes de bavardages chaque jour étaient aussi efficaces pour stimuler la mémoire et la performance mentale que de faire des mots croisés. Pour apporter une contribution unique au patrimoine de l'humanité, j'ajouterai qu'à l'heure qu'il est (8h50) je suis chez moi, je me suis rasé, ai terminé mon café, un demi-journal et qu'il pleut: 22 mots, 113 caractères, le compte est bon. 
  
Lu dans :
Daniel Tammer. Embrasser le ciel immense. Le cerveau des génies. Ed. Les arènes. 2009. 325 pages. Extrait p.237
Robin Dunbar. Grooming, Gossip and the Evolution of Language. Harvard University Press. 1998. 242 pages.

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