31 juillet 2006

que tout se perd

"J'ai vécu heureuse
Dans mes palais
D'or noir et de pierres précieuses
Le Tigre glissait
Sur les pavés de cristal
Mille califes se bousculaient
Sur mes carnets de bal

On m'appelait
La Cité pleine de grâce
Dieu Comme le temps passe
On m'appelait
Capitale de lumière
Dieu Que tout se perd

Je m'appelle Bagdad
Et je suis tombée
Sous le feu des blindés
Sous le feu des blindés
Je m'appelle Bagdad
Princesse défigurée
Et Shéhérazade
M'a oubliée

Je vis sur mes terres
Comme une pauvre mendiante
Sous les bulldozers
Les esprits me hantent
Je pleure ma beauté en ruine
Sous les pierres encore fumantes
C'est mon âme qu'on assassine

On m'appelait
Capitale de lumière
Dieu Que tout se perd."

Tina Arena
Je m'appelle Bagdad

L'incomparable promenade

"On ne fume plus - ou alors des super lights, des extra lights, sans nicotine sans goudron sans tabac. On ne fume plus, on ne boit plus - ou alors des cafés sans caféine, des bières sans alcool, des boîtes de Coke sans coca-cola.

Et on mange sans graisse, sans calories, sans conservants ; sans pelures et sans pépins, sans couleurs, sans goût et sans appétit. On roule sans plomb, on lave sans savon ; on baise sans baiser, voici les jours légers - avec millions de papiers signés pour garantir que tout est bien, propre et clair.

Voici les jours légers - et l'âme lourde à ne plus bouger d'un pouce, à tout regarder de travers. Voici les jours à vivre sans vivre."

Francis Dannemark, L'incomparable promenade,

13 juillet 2006

Et ma vie, elle se passe où ?

« Lorsque la famille était réunie à table, et que la soupière fumait, Maman disait parfois:
- Cessez un instant de boire et de parler. Nous obéissions.
Nous nous regardions sans comprendre, amusés.
- C'est pour vous faire penser au bonheur, ajoutait-elle.
Nous n'avions plus envie de rire. »

Félix Leclerc. Pieds nus dans l'aube

Demain matin valises, bison fûté, bitume chaud et puant, modern transhumance, ambiance Jacques Borel et Expresso Jacques Vabre des stations d'autoroute.
Entre deux smarties, pensées humides pour ceux qui restent sur le quai, avec qui on a partagé toute une année, râlé, fêté, espéré.
Les grandes cellules explosent un moment fugace, en chacun de nous un spartacus se libère un court moment de ses chaînes en poussant un cri jubilatoire, pour se retrouver dans la même minute dans son espace peugeot, le gps branché sur l'eau et la verdure, avec le roman de l'été, le maillot qu'on sait devenu trop petit et le sudoku dans le sac de plage. Spartacus est devenu papa pingouin.
Le bonheur c'est avoir quelqu'un à perdre, aurait dit Camus cité par Philippe Delerm. Heureux et triste simultanément, à considérer ces dizaines de visages qu'on abandonne sur l'escapade, le mouchoir à la main. Tout d'un coup, on réalise que partir en vacances c'est se perdre et se retrouver à la fois. Perdre une réalité sûre, aux nuisances bien connues mais rassurantes, pour une aventure floue parée des mille atours de superbes courtisanes: par ici le bonheur. C'est un sport bien plus dangereux que le saut à l'élastique, car dans ce premier, qui nous assure qu'il y ait un élastique?
Une tradition ancestrale souhaite qu'on se crée durant ces trois semaines des moments souvenirs de bonheur, qu'on montrera en septembre à ceux qu'on aime. Malheur au pingouin ermite, indépendant, solitaire, esseulé ou abandonné: s'il fait lui-même la photo, il montrera une feuille blanche: banquise, été 2006. Papa Pingouin, lui, aura une vidéo qu'il baptisera modestement: la marche de l'Empereur. Comme dit la kabbale, la différence gît dans les détails. Nous avons perdu les dents, mais le goût du sang est intact.

Résumons-nous: perdre ceux qu'on aime pour retrouver ceux qu'on aime: l'homme est compliqué. Paradoxe, non? Et ma vie, elle se passe où?

11 juillet 2006

nos vies

"Le nombre des vies qui pénètrent la nôtre est incalculable."
John Berger. D'ici là.

Une toute petite phrase, d'apparence insignifiante. D'apparence.

Je vous souhaite une bonne semaine
CV.

le petit balancier

"Chacun d'entre nous, au fond de lui, possède ce minuscule balancier, d'une grande fragilité: en une demi- seconde, la mauvaise décision ou la bonne."
Sagesse des blogs

09 juillet 2006

l'homme qui était dieu

"Seule la victoire est jolie."
Michel Malinovsky.

La fête est finie. Depuis un mois, le quartier entier bruisse chaque nuit de cortèges délirants fêtant la victoire des innombrables communautés formant l'entité bruxelloise.
Les drapeaux et oriflammes ornant les fenêtres vont se ranger. L'absence de Zidane lors de la cérémonie de clôture ont cassé le rêve, nous rapprochant tous de notre condition humaine: le soleil carbonise ceux qui l'approchent de trop près, et l'homme sait s'y prendre mieux que quiconque pour précipiter la chose.
Demain le tribunax italiens vont ramener à leur tour les idoles à d'autres réalités.
C'était Brel qui nous rappelait que "tu n'es pas le Bon Dieu, toi, tu es beaucoup mieux, tu es un homme." C'était la coupe du monde 2006.

les affaires des autres

"On excelle tous à régler les affaires d'autrui."
F. Leclerc. Le calepin d'un flâneur

Je vous souhaite un bon week end
CV.

08 juillet 2006

Mois de juin volés

"Si je fais le compte des occasions où j'ai pu me dire au cours de ma vie qu'une chose m'avait réellement rendu heureux, réellement reconnaissant, réellement humble, je m'aperçois qu'elles sont infiniment rares. Mon souhait le plus cher est de conserver intacts dans le fond de mon c½ur, le plus longtemps possible, ces sentiments privilégiés qui m' habitaient alors."
Sôseki. Choses dont je me souviens.

Beaucoup de café, des journaux à demi-lus, peu de pensées depuis le ... 16 juin. Juin devrait être l'apothéose de notre année, avec ses soirées si longues qu'elles tendent presque la main au petit jour. Ce fut une fois de plus une apothéose de stress et de fatigue, prolongeant une longue tradition entamée ce jour où nos pas maladroits franchissaient pour la première fois la porte cochère de la grande école.
C'en serait fini désormais de l'insouciance des fraises et des longues soirées bleutées qui se prolongent en d'interminables conversations à mi-voix. Mois de juin volés, et qui ne reviendront guère. S'il m'en reste quelques-uns à venir, je souhaite les raccrocher à ceux de ma prime enfance: il reste à décider et à rêver.

Je vous souhaite un bon week end
CV.